L’approche 3-30-300 pour des villes plus saines, plus vertes et plus équitables

26 mai 2022
Quartier résidentiel avec des arbres matures

Les défis mondiaux, le réchauffement climatique et la pandémie de COVID-19 ont accentué la prise de conscience quant à l’importance des arbres et des espaces verts urbains dans notre quotidien. En urbanisme et aménagement du territoire, l’approche 3-30-300 se révèle essentielle pour contrer le déficit nature de manière équitable et aider la nature à retrouver sa place dans les villes.

Rue de Montréal présentant des arbres matures et avec des infrastructures favorisant le transport actif

Les arbres en milieu urbain, au-delà de leur valeur esthétique, sont désormais reconnus comme des infrastructures naturelles incontournables pour la santé mentale et physique. En effet, ils jouent un rôle crucial en dépolluant l’air, en rafraîchissant l’environnement et en offrant une protection contre les effets du changement climatique. De nombreuses études, y compris celles réalisées dans des métropoles comme Barcelone, montrent que les arbres améliorent le bien-être des résidents, tant sur le plan physique que mental.

Les effets positifs des espaces verts sur la qualité de vie sont bien documentés. Les chercheurs soulignent que la présence d’arbres et d’espaces verts en milieu urbain est bénéfique pour une bonne santé mentale et physique. Les maires des grandes villes, y compris au Canada, reconnaissent de plus en plus la valeur des arbres pour promouvoir des communautés durables et faire face aux défis climatiques.

Qu’est-ce que l’approche 3-30-300 ?

Face à l’urgence de verdir nos villes et nos quartiers, Dr. Cecil Konijnendijk a introduit en février 2021 l’approche 3-30-300 (1). Selon cette approche, chaque résident devrait :

Schéma présentant trois arbres

Voir au moins 3 arbres autour de lui

Schéma présentant 30%

Se déplacer dans des quartiers où 30 % de l’espace est couvert d’arbres

Schéma présentant 300m pour atteindre un parc

Vivre à moins de 300 mètres d’un espace vert

Cette solution fondée sur la nature repose sur des données probantes et vise à créer des villes plus résilientes, équitables, saines et verdoyantes. Elle constitue également un outil facile à mettre en œuvre et à suivre, permettant aux maire-sse-s et professionnels en aménagement, de réaliser ces objectifs de manière efficace.

L’approche 3-30-300 met l’accent sur l’intégration essentielle des éléments naturels dans notre cadre de vie quotidien, en raison de leurs bénéfices importants pour notre santé mentale et notre bien-être. Sa pertinence et sa simplicité ont attiré l’attention des chercheurs et des maires à travers le monde, ce qui a conduit plusieurs métropoles à adopter cette approche. Avec ces principes, les villes peuvent non seulement améliorer la qualité de vie de leurs habitants mais aussi favoriser des environnements urbains plus verts et sains.

Voir au minimum 3 arbres depuis son domicile

L’approche 3-30-300 recommande d’avoir au moins 3 arbres visibles depuis chaque domicile. Des études récentes soulignent l’importance du contact avec la nature pour la santé mentale. L’exposition aux espaces verts peut en effet soulager le stress, restaurer l’esprit et améliorer l’humeur. Ces effets peuvent être conscients, car la nature nous paraît visuellement attrayante, ou inconscients, car son absence peut signaler un environnement risqué et induire des réactions stressantes dans notre cerveau.

L’approche 3-30-300 propose que chaque citoyen devrait pouvoir voir au moins 3 arbres de taille décente depuis son domicile, son école et son lieu de travail. Les politiques publiques en matière d’arbres devraient soutenir cette approche. Au niveau international, une métropole danoise exige que ses habitants puissent voir au moins un arbre depuis chez eux. Cette politique est bénéfique non seulement pour les populations urbaines mais aussi pour la biodiversité urbaine. Les chercheurs et les maires reconnaissent donc de plus en plus les avantages de telles politiques pour le bien-être humain et la durabilité des espaces urbains.

Vue d'une fenêtre sur du feuillage flou

Se déplacer dans des quartiers avec 30 % de couvert arboré

Quartier résidentiel avec des arbres matures

Pas moins de 30 % de couverture de canopée dans chaque quartier : c’est ce qu’exige l’approche 3-30-300 pour les stratégies d’urbanisme en milieu urbain. Les résultats de recherches menées en Australie suggèrent qu’un minimum de 30% de couverture de canopée est nécessaire pour que les arbres jouent leur rôle dans l’amélioration de la santé globale des citoyens de la zone urbaine ciblée. En effet, les quartiers plus verdoyants encouragent les gens à passer plus de temps à l’extérieur et à interagir, ce qui est bénéfique pour la santé sociale. C’est également bénéfique pour la santé mentale et physique puisqu’une canopée conséquente réduit la pollution de l’air et le bruit et lutte contre les îlots de chaleur. 30% de couvert arboré dans tous les quartiers, c’est bien, mais ça ne suffit pas. L’approche 3-30-300 encourage les villes à s’efforcer d’obtenir des couvertures de canopée plus élevées que 30% dès lors que cela est possible.

Vivre à moins de 300 mètres d’un espace vert

Chaque personne devrait avoir un domicile à moins de 300 mètres d’un parc ou de l’espace vert le plus proche. Cette donnée se base sur une recommandation du bureau régional européen de l’Organisation Mondiale de la Santé d’avoir un espace vert d’un hectare à 300 mètres de la maison. L’approche 3-30-300 se focalise sur la possibilité de se rendre dans un ou plusieurs espaces verts, mais ne prend pas en compte la superficie de ceux-ci. Ces 300 mètres équivalent à une promenade d’environ 5 à 10 minutes à pied en partant du domicile. Nous recommandons que cette nature de proximité soit facilement accessible pour toutes et tous, que les trames pour s’y rendre ne présentent aucun risque et que les milieux naturels favorisent la pratique de diverses activités physiques et de loisirs pour stimuler les interactions sociales, bénéficier à la santé physique, mentale et le mieux-être des populations.

Une petite fille et son parent marchent dans un sentier de boisé urbain

Du concept à l’action

L’approche 3-3-300 fournit aux décideurs locaux des moyens simples d’évaluation, de mise en œuvre et de suivi de verdissement et d’adaptation aux changements climatiques. Mais elle est plus qu’un concept destiné aux municipalités. C’est aussi une approche qui permet aux citoyens de mesurer facilement la qualité environnementale de leur cadre de vie.

L’adoption et l’intégration de l’approche 3-30-300 dans les politiques de verdissement urbain devrait être envisagée rapidement. 80% des Canadiens résident dans des zones urbaines, le gouvernement s’est engagé à planter deux milliards d’arbres dans les dix prochaines années pour capter nos émissions de gaz à effet de serre, pour favoriser la biodiversité et la santé.

Un exemple concret

Le projet Pour des villes vivantes

Les espaces verts urbains jouent un rôle crucial dans la promotion de la santé mentale et physique des citadins, tout en contribuant à la biodiversité. Le projet Pour des villes vivantes est une initiative prometteuse pour améliorer l’accès à la nature en ville, lutter contre les inégalités et restaurer une nature en santé.

À la croisée du social et de l’environnemental, ce projet vise à augmenter les déplacements actifs (à pied, à vélo, en fauteuil roulant, en quadriporteur, en patins à roulettes ou en skateboard) et à faciliter l’accès à la nature. Nous y parviendrons en consultant la population, les organismes communautaires, ainsi que les chercheurs et professionnels de la santé pour formuler des recommandations sur la création de trames vertes inclusives, de chemins marchables ou de pistes cyclables entourées de végétation, reliant plusieurs parcs et accessibles à tous.

L’approche 3-30-300 permettrait non seulement d’améliorer le bien-être de la population, mais elle réduirait également les inégalités d’accès aux espaces verts auxquelles sont confrontés les résidents des quartiers à faibles revenus et les communautés racialisées. Avec ses impacts positifs reconnus sur la santé, sur la biodiversité et sur l’environnement, l’approche 3-30-300 a un fort potentiel. Le moment est venu d’entamer cette conversation avec votre municipalité et vos élus.

Rédaction

Salma Samaha, Ingénieure en aménagement du territoire et paysager

Révision

Lucie Bédet, chargée des communications