Comme nous l’avons déjà évoqué dans d’autres articles, les végétaux nous rendent de précieux services, notamment au plan des infrastructures urbaines. Mais ce n’est pas tout : en ville, les arbres sont une grande richesse pour la santé et le bien-être. En plus d’agrémenter le paysage urbain, ils améliorent la qualité de l’air et rendent les milieux de vie plus sains, plus sécuritaires et plus conviviaux. En raison des nombreux services qu’ils procurent, les arbres urbains sont, de toute évidence, des atouts considérables pour adapter nos villes et accroître la résilience des collectivités urbaines face aux crises climatique, écologique et sanitaire actuelles. Dans cet article, nous vous présentons cinq avantages incontournables à avoir plus d’arbres en ville!
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Les arbres atténuent la pollution de l’air
L’un des principaux bienfaits des arbres urbains réside dans leur capacité à réduire les concentrations de polluants dans l’air [1]. Reconnue comme un enjeu de santé mondial en croissance, la pollution de l’air est responsable d’un grand nombre de problèmes cardiaques et respiratoires, notamment chez les personnes vulnérables. Plusieurs données corroborent cette triste réalité.
En plus d’augmenter le risque de maladies cardiaques et respiratoires, la pollution de l’air peut altérer le développement cognitif chez les jeunes et augmenter certains troubles comportementaux chez ces derniers, comme le trouble du déficit de l’attention et l’hyperactivité [3]. En filtrant l’air, les arbres réduisent la concentration des polluants, poussières et autres particules dans l’air. Selon une étude, le volume de particules polluantes filtré par les arbres urbains serait estimé à 711 000 tonnes/an aux États-Unis [4].
Le saviez-vous?
En 2019, le nombre de décès liés à la pollution de l’air s’élevait à 14 600 au Canada. À ces vies perdues s’ajoutent d’innombrables cas de morbidité dus à des problèmes cardio-respiratoires et nécessitant une prise en charge médicale [2].
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Les arbres rafraîchissent l’air ambiant
En ville, nombreux sont les quartiers affectés par les effets d’îlots de chaleur urbains (ICU). Généralement dépourvues d’arbres et fortement minéralisées, ces zones peuvent être caractérisées par une température de 2 à 12°C plus élevée que celle des zones environnantes [6,7]. Les aires de stationnement asphaltées dépourvues de végétation urbaine en sont un exemple typique.
En plus d’accroître la toxicité des polluants atmosphériques, la chaleur extrême associée aux ICU affecte la santé humaine, en particulier pour les personnes vulnérables ou atteintes de maladies chroniques. Comme le décrit le cardiologue François Reeves (2011), la chaleur et la pollution en ville représentent ainsi un véritable “cocktail explosif” pour la santé des populations urbaines.
Le saviez-vous?
Dans une rue bordée d’arbres, la quantité de poussières présentes dans l’air est jusqu’à quatre fois moins élevée que dans une rue sans arbre [5].
Le saviez-vous?
Par l’évapotranspiration et l’ombre que fournit leur canopée, les arbres matures sont un moyen de lutte efficace contre les effets des îlots de chaleur urbains (ICU). Un arbre mature pourrait ainsi évaporer jusqu’à 450 litres d’eau, soit l’équivalent de 5 climatiseurs qui fonctionnent pendant 20 heures! [8]
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Les arbres embellissent le paysage bâti
En ajoutant de la verdure dans la ville, les arbres adoucissent l’ambiance urbaine et créent des perspectives paysagères intéressantes [9]. Cette fonction esthétique des arbres urbains offre plusieurs avantages pour la santé, en renforçant notamment le sentiment de bien-être et d’apaisement.
Le saviez-vous?
En 1984, une étude menée auprès de patients hospitalisés a démontré que le simple fait de voir des arbres par la fenêtre de leur chambre leur a permis de se rétablir plus efficacement et plus rapidement à la suite d’une intervention chirurgicale. À l’inverse, un rétablissement moins efficace et plus long a été constaté chez les patients dont la fenêtre donnait sur un mur de briques[10].
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Les arbres augmentent la sécurité en ville
Service écosystème méconnu, les arbres urbains rendraient également nos villes plus sécuritaires. En effet, selon plusieurs études, il semble exister un lien important entre l’abondance d’arbres et la diminution de la criminalité en ville. Il est également reconnu que le sentiment de sécurité est plus élevé dans les milieux urbains verts et boisés[11].
Aussi, en raison de leur apparence plus étroite, les rues bordées d’arbres inciteraient un ralentissement du trafic et une prudence accrue de la part des automobilistes, ce qui diminuerait les risques d’accidents et augmenterait la sécurité lors des déplacements.
Le saviez-vous?
Les rues bordées d’arbres sont plus sécuritaires puisqu’elles semblent plus étroites, ce qui engendre un ralentissement du trafic et une prudence accrue de la part des automobilistes [12].
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Les arbres encouragent la mobilité active
En plus d’améliorer l’accessibilité aux espaces verts, les rues bordées d’arbres encouragent également les déplacements actifs et sécuritaires. Le simple fait de verdir la ville et les quartiers urbains augmentent le désir de circuler à pied afin de profiter des rues et ruelles remplies de vie et de couleurs [13]. Ces espaces verts constituent un milieu propice à une multitude d’activités physiques, comme la course à pied ou le vélo [14], ce qui favorise la santé et le bien-être des citadins, tout en améliorant leur qualité de vie.
Le saviez-vous?
À Toronto, l’amélioration de la qualité de vie et de la santé générale suite à une augmentation de 4% de la canopée (soit un ajout d’environ 10 arbres par quartier) serait comparable à une hausse du revenu annuel de 10 000 $ ou encore à être 7 ans plus jeune [15].
Les bienfaits des arbres urbains ne s’arrêtent pas là…
Les arbres urbains sont aussi de véritables alliés pour la protection de nos ressources naturelles, comme l’eau et le sol. Leur excellente capacité à infiltrer l’eau et à limiter l’érosion améliore la qualité de nos cours d’eau et réduit les risques d’inondation.
De plus, en offrant une meilleure place au vivant en plein cœur de la ville, la présence d’arbres favorise également un meilleur contact avec la nature et la biodiversité urbaine.
Les espaces verts constituent des lieux intéressants pour étudier les sciences naturelles et l’écologie [16]. Que ce soit dans un parc à proximité de l’école ou directement dans la cour, la pédagogie plein air est d’ailleurs une approche de plus en plus populaire dans le milieu de l’enseignement. Et enfin… Que dire du plaisir de pouvoir appréhender le cycle naturel des saisons grâce à la coloration changeante de leur feuillage en automne, à la chute des feuilles en hiver ou encore au retour de leur doux vert tendre au printemps!
En somme, les arbres urbains offrent des services tant sur le plan de notre santé, de notre bien-être, de notre sécurité et de notre développement que sur le plan écologique. En ce Mois de l’arbre et des forêts, rappelons-nous l’importance de créer plus d’espaces verts, de munir la ville d’une réelle trame verte, de planter des arbres urbains dans nos quartiers et d’en prendre bien soin… Nous en serons toutes et tous gagnant-es!
Bibliographie
(1) Turner-Skoff et Cavender, 2019. The benefits of trees for livable and sustainable communities. Plants, people, Planet. 1: 323-335
(2) Gouvernement du Canada, 2019. Les impacts sur la santé de la pollution de l’air au Canada – Estimation de la morbidité et des décès prématurés – Rapport, 42 p.
(3) Turner-Skoff et Cavender, 2019. The benefits of trees for livable and sustainable communities. Plants, people, Planet. 1: 323-335
(4) Nowak, Crane et Stevens, 2006. Air pollution removal by urban trees and shrubs in the United States. Urban forestry & Urban greening. 4: 115-123
(5) Johnston et Newton, 2004. Building Green A guide to using plants on roofs, walls and pavements, Mayor of London. 124 p.
(6) Institut national de santé publique, 2009. Mesures de lutte aux îlots de chaleur urbains – Revue de littérature. Direction des risques biologiques, environnementaux et occupationnels. Gouvernement du Québec, 77 p.
(7) Voogt, 2002. Urban heat island. Encyclopedia of global environmental change. 3: 660-666
(8) Détours, 2018. Citation de Amandine Crambes, ingénieure urbaniste à l’Agence pour l’environnement et la maîtrise de l’énergie. En ligne.
(9)CAUE et LPO. 2021. Fiche technique #16 – L’arbre en ville. Biodiversité et paysage urbain – Guide technique, 4 p.
(10) Ulrich, 1984. View through a window may influence recovery from surgery. Science, 224(4647): 420-421
(11) Kuo, Barnes, et Jordan, 2019. Do experiences with nature promote learning? Converging evidences of a cause-and-effect relationship. Frontiers in psychology. 10: 305
(12) Dumbaugh, 2005. Safe Streets, Livable Streets. Journal of the American Planning Association, 71(3): 283-300
(13) Arboquébec, 2021. Importance de nos arbres. En ligne.
(14) Lessard et Boulfroy, 2008. Les rôles de l’arbre en ville. Centre collégial de transfert de technologie en foresterie de Sainte-Foy (CERFO). Québec, 21 p.
(15) Institut national de santé publique. 2017. Verdir les villes pour la santé de la population – Revue de littérature. Direction de la santé environnementale et de la toxicologie. Gouvernement du Québec, 105 p.
(16) Lessard et Boulfroy, 2008. Les rôles de l’arbre en ville. Centre collégial de transfert de technologie en foresterie de Sainte-Foy (CERFO). Québec, 21 p.
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Rédaction
Kristel Lucas
Photographies
Nature Québec, Coen van de Broek