On pointe régulièrement du doigt le secteur agricole pour ses impacts sur la biodiversité et le climat. C’est connu : les monocultures et l’élevage industriel contribuent lourdement à la déforestation et aux émissions de GES au niveau mondial.
A contrario, on parle bien peu de l’agriculture comme solution. Pourtant, certaines pratiques permettent de capter les émissions de gaz à effet de serre, tout en limitant l’empiètement sur les milieux naturels et en favorisant le bien-être animal. En voici un exemple.
Attention : réduire la viande demeure nécessaire
Nature Québec fait siennes les recommandations du GIEC quant à la nécessité de se tourner vers une alimentation moins carnée pour diminuer nos émissions de GES. Il n’en demeure pas moins que la viande produite peut l’être autrement, grâce à des élevages respectueux du bien-être animal et de l’environnement.
Le pâturage en rotation
Lors d’une tournée pour son projet En mode solutions nature, notre équipe a visité la Ferme Brylee, une ferme d’élevage de bovins et d’agneaux située en Outaouais. Depuis plusieurs années, cette ferme a fait le choix d’une alimentation des animaux exclusivement au pâturage, nourris à l’herbe. Une technique recommandée en agriculture régénératrice est utilisée, soit le pâturage en rotation.
Concrètement, qu’est ce que cela signifie ? Les animaux paissent sur de petites surfaces et sont déplacés dans de nouveaux enclos 1 à 4 fois par jour, selon les conditions. Voici les avantages d’une telle méthode.
1. La régénération des pâturages
Le pâturage en rotation permet une régénération des pâturages. Les animaux restant moins longtemps dans une parcelle, la repousse est facilitée par un développement racinaire en profondeur qui va mieux retenir l’eau et les nutriments dans le sol.
2. La captation du carbone
La densité du troupeau favorise le piétinement des herbes qui améliore l’accumulation de matière organique et d’humus et la stabilisation du carbone.
3. Une résilience à la sécheresse
En permettant l’augmentation de la matière organique dans le sol, donc une meilleure captation des nutriments et de l’eau dans le sol, le pâturage en rotation rend celui-ci plus résilient à la sécheresse.
Les solutions nature en agriculture!
Plutôt qu’un problème, l’agriculture peut devenir notre alliée dans notre lutte aux changements climatiques. Il s’agit même du secteur dont les pratiques ont le plus grand potentiel de réduction des émissions de GES à moyen terme. Découvrez comment dans notre fiche sur les solutions nature en agriculture.
4. Une fertilisation naturelle
La rotation du troupeau sur de petits pâturages permet aux animaux de participer à la fertilisation du sol qui devient très riche en matières organiques. Cette pratique limite donc l’utilisation d’engrais industriels polluants.
5. Une meilleure alimentation et qualité de vie pour les animaux
Le pâturage en rotation permet aux animaux de bénéficier d’une alimentation plus variée, constituée de différentes variétés d’herbes présentes dans l’enclos. Ils profitent également d’une saison au pâturage plus longue, ce qui améliore leur bien-être et produit une viande davantage nutritive.
6. La préservation de la biodiversité
Nous ne pouvons passer sous silence les bienfaits sur la biodiversité. Les pâturages offrent un habitat propice à plusieurs espèces fauniques et floristiques. De plus, il ne faut pas oublier la grande diversité d’organismes qui se retrouvent dans le sol ; champignons, insectes et bactéries peuvent se développer puisque le sol n’est pas perturbé et que la nourriture est abondante. L’absence d’utilisation de machinerie permet aussi d’intégrer très facilement des arbres et arbustes qui contribuent à diversifier les végétaux présents dans les champs.
VOUS VOULEZ EN SAVOIR PLUS ?
Consultez notre page sur le projet En mode Solutions nature.
En conclusion, le pâturage en rotation est une méthode qui permet une plus grande résilience face aux aléas climatiques ET économiques, tout en étant plus respectueuse de l’animal et de la biodiversité. Elle n’est qu’un exemple des solutions nature pouvant s’appliquer à l’agriculture. Pour le moment, les élevages comme la ferme Brylee demeurent cependant l’exception.
Participons à en faire la règle!