Caribou forestier
Le caribou forestier, toujours en déclin…
Au Québec, on ne trouve qu’une seule espèce de caribou (Rangifer tarandus) qui est représentée par la sous-espèce nommée «caribou des bois». Le caribou forestier correspond à l’un des trois écotypes de caribou des bois que l’on retrouve sur le territoire québécois, aux côtés du caribou migrateur et du caribou montagnard (dont la population la plus connue vit dans les montagnes du parc national de la Gaspésie). On le retrouve principalement dans la forêt boréale.
Autrefois abondant dans l’ensemble du Québec, le caribou forestier a vu son aire de répartition et ses effectifs diminuer considérablement au cours des dernières décennies. Ainsi, le caribou forestier est protégé en tant qu’espèce menacée à l’échelle du Canada par la Loi sur les espèces en péril (LEP) depuis 2003. Au Québec, c’est en 2005 que le caribou forestier a obtenu le statut d’espèce vulnérable en vertu de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables (LEMV).
Malgré cette protection, il poursuit son déclin. Aujourd’hui, ses populations de Val-d’Or, de Charlevoix et du Pipmuacan sont dans une situation critique et son habitat connaît des seuils de perturbation élevés.
Des populations au seuil de l’extinction
Le caribou forestier vit essentiellement dans la forêt boréale, entre le 49e et le 55e parallèle. On le retrouve notamment dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean et sur la Côte-Nord. Deux populations se retrouvent néanmoins plus au sud (Charlevoix et Val-d’Or)
Dans l’ensemble, les plus récentes données du ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF) et du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) estiment le nombre de caribous forestiers entre 6 162 et 7 445 individus en 2023. La marge d’incertitude est importante, mais d’autres indicateurs laissent présager un déclin important.
Un peu partout au Québec, les populations de cet écotype se précarisent et certaines frisent le seuil de l’extinction (selon la revue de littérature du MRNF sur les facteurs impliqués dans le déclin des populations de caribous, les effectifs des populations les plus précaires en 2020 étaient estimés à : Val-d’Or ~ 6 individus ; Charlevoix ~ 23 individus ; Pipmuacan ~ 225 individus).
Les seuils de perturbation de l’habitat des caribous forestiers sont également alarmants. Pour être viables, les populations ont besoin d’un habitat dont le taux de perturbation est en deçà de 35 %. Or, pour la majorité des populations répertoriées, ce taux de perturbation est supérieur. Il atteint même parfois plus de 75 %. La majorité de ces perturbations est occasionnée par l’industrie forestière dont la récolte de bois et les chemins forestiers favorisent les attaques de prédateurs.
Le saviez-vous?
Le caribou forestier est protégé en tant qu’espèce menacée au Canada par la Loi sur les espèces en péril (LEP). Au Québec, il est protégé à titre d’espèce vulnérable en vertu de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables (LEMV). Tant le gouvernement du Québec que du Canada ont donc l’obligation de le protéger.
Principales causes du déclin du caribou forestier
Prédation accrue par l’aménagement des forêts
Perte et fragmentation d’habitats
Dérangement lié aux activités humaines
Où trouver le caribou forestier?
Comme on peut le voir sur cette carte, l’aire de répartition des populations de caribous forestiers se situe essentiellement au nord du Québec, dans la forêt boréale.
Notre FAQ sur le caribou forestier
Vous voulez en savoir plus? Consultez notre foire aux questions sur le caribou forestier.
Et qu’en est-il du caribou montagnard?
Le caribou montagnard, de la même espèce de caribou Rangifer tarandus, est souvent appelé caribou de la Gaspésie puisque sa population la plus célèbre s’y trouve. Contrairement au caribou forestier, il vit davantage sur les hauts sommets. Au Québec, on retrouve deux populations de caribou montagnard, une dans les Monts-Torngat et l’autre, fortement en péril, dans les montagnes de la Gaspésie.
Pour en savoir plus, consultez notre page sur le caribou montagnard.
Vers une stratégie globale de protection?
En désignant le caribou forestier espèce vulnérable, le gouvernement du Québec a encouragé la rédaction d’un premier plan de rétablissement pour la période 2005-2012. Ce plan, publié en 2009, énonce 30 actions qui visent principalement la réduction des taux excessifs de mortalité, la sensibilisation de la population à la conservation du caribou forestier et la protection des habitats favorables pour l’espèce.
Ce plan est toujours en vigueur. Toutefois, les connaissances sur le caribou forestier ont beaucoup évolué au cours de la dernière décennie. Une mise à jour du plan de rétablissement pour la période 2013-2023 a notamment été effectuée et rendue publique en juillet 2013.
Pour Nature Québec, il demeure clair que la survie du caribou forestier nécessite des mesures de protection beaucoup plus musclées et ce, le plus rapidement possible.
C’est pourquoi nous attendons toujours une stratégie globale de protection et de rétablissement des caribous forestiers. Celle-ci a été promise dès 2018 par le gouvernement du Québec et cumule désormais plus de 5 ans de retard. Elle a notamment été repoussée pour mettre en place une « Commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards » qui est arrivée aux mêmes conclusions que ce que recommandent les biologistes depuis des années : il faut rapidement limiter le taux de perturbation de l’habitat essentiel des caribous, notamment soustraire des forêts anciennes aux possibilités forestières.
À force de reports de la stratégie, le gouvernement fédéral, qui a aussi des obligations légales de protection du caribou forestier, a menacé le gouvernement Legault d’intervenir par décret.
En avril 2024, Québec a finalement présenté des « projets régionaux » pour les caribous forestiers de Charlevoix et les caribous montagnards de la Gaspésie. S’il s’agit d’un geste positif, il arrive trop tard et sans échéancier concernant une stratégie globale pour l’ensemble des populations de caribous forestiers. L’étau se resserre sur les hardes de Val-d’Or et du Pipmuacan, plus ou moins condamnées à disparaître si les gouvernements ne se montrent pas plus ambitieux.
Le travail de Nature Québec
Nature Québec poursuit ses efforts afin d’assurer la conservation du caribou forestier, notamment en siégeant sur l’équipe de rétablissement aux côtés des différents acteurs du milieu (gouvernement, industrie forestière, milieu universitaire, etc.). Nous exerçons également des pressions et des représentations politiques en faveur de l’adoption d’une stratégie globale pour la protection et le rétablissement des caribous forestiers.
À cette fin, nous participons à des consultations, rédigeons des mémoires et prenons régulièrement la parole dans l’espace public.
Les espèces menacées
Vous aimeriez en connaître davantage sur les espèces menacées au Québec et au Canada? Savoir pourquoi elles sont menacées et quelles lois les protègent de l’extinction? Apprenez-en davantage dans notre article sur le sujet.
PUBLICATIONS ET RESSOURCES PERTINENTES
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Chargée de projet Biodiversité et forêt
marie-audrey.nadeau@naturequebec.org
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