Mieux vivre avec son écoanxiété
3 avril 2024Feux de forêt, inondations, sécheresses, perte de biodiversité, sixième extinction de masse… L’actualité montre l’avenir d’un ton très pessimiste. Vous ressentez de la colère, de la tristesse, de l’angoisse, de l’impuissance face à ces nouvelles et lorsque vous pensez à l’avenir?
Vous ressentez peut-être de l’écoanxiété.
Qu’est-ce que l’écoanxiété?
Détresse, appréhension du futur, culpabilité, paralysie…Tout ceci fait partie des symptômes de ce phénomène qu’est l’écoanxiété. Ce concept peut aussi être accompagné d’une grande gamme d’émotions et d’autres «éco-émotions», comme la solastalgie, une forme de détresse causée par la perte et le chagrin continu d’un lieu qui est irréversiblement modifié, ou la terrafurie, une grande colère face aux dégâts causés à la planète. [1]
“L’écoanxiété fait référence aux émotions, aux pensées et aux comportements qu’on peut avoir face à la prise de conscience des enjeux associés aux changements climatiques et environnementaux (éco-lucidité), notamment en lien avec l’inaction collective face à ceux-ci.” – Définition d’Éco-Motion
Dans un contexte de crise écologique mondiale, l’écoanxiété peut être un sentiment normal face aux catastrophes, aux immenses enjeux à affronter et surtout, à l’inaction des responsables et des dirigeant-e-s. Toutefois, identifier ce sentiment peut permettre de mieux vous y adapter et trouver des méthodes pour mieux le dompter.
Qui est affecté?
L’écoanxiété s’observe généralement davantage chez les jeunes, qui voient les chances d’un futur paisible s’amenuiser au fur et à mesure que la crise climatique s’aggrave. C’est un phénomène qui nous touche d’ailleurs de très près.
Au Québec, 73 % des personnes de 18 à 34 ans se disent écoanxieuses, d’après un sondage Léger de 2021. [2] Cependant, l’éco-anxiété n’est pas qu’une affaire de jeunes. Les femmes, généralement plus touchées par les conséquences de la crise écologique pour de multiples raisons sont aussi particulièrement affectées par cette émotion. Les autochtones et ceux qui travaillent avec la terre (ex: fermiers, pêcheurs, etc.) peuvent être touchés également, puisqu’ils entretiennent un lien étroit avec le territoire naturel et subissent plus les impacts des changements sur le climat. [3]
73 % des personnes de 18-34 ans se disent écoanxieuses
De manière générale, de plus en plus de Québécois-es de toutes identités s’inquiètent face aux menaces climatiques qui se font ressentir sur l’ensemble du territoire du Québec de par leurs expériences directes (inondations ou feux de forêt) et indirectes (espace médiatique).
Apprendre à apprivoiser son écoanxiété
Malheureusement, il n’existe pas de remède miracle pour se débarrasser de l’écoanxiété, puisqu’il s’agit d’une réponse émotionnelle tout à fait normale à la situation de crise environnementale actuelle. Toutefois, s’il est impossible de “guérir” son écoanxiété, on peut mettre en place des stratégies pour mieux vivre avec et en faire un moteur d’action.
Voici donc quatre actions qui ont fait leurs preuves et qui pourraient vous aider à mieux vivre avec votre écoanxiété :
1. Porter son attention sur des nouvelles positives et diminuer son apport de nouvelles négatives
Il y a une disproportion de nouvelles négatives à propos de l’environnement. Ce phénomène que l’on surnomme le Doom and Gloom [4] contribue à l’écoanxiété. Cependant, contrairement à ce que l’on peut croire, il existe aussi plusieurs nouvelles positives en environnement. Plusieurs acteurs, organisations, petites entreprises, citoyens, etc. travaillent à rendre ce monde meilleur. Prévoir des moments pour se déconnecter et éviter le bombardement de nouvelles négatives peut apaiser l’écoanxiété. Allez plutôt à la recherche active de nouvelles positives.
2. Passer du temps en nature
Passer du temps en nature présente plusieurs effets positifs pour la santé physique et mentale. Le contact avec la nature permet de diminuer le stress, de se détendre, d’améliorer notre attention et d’augmenter notre niveau d’énergie.
Pour en savoir plus sur les bienfaits de la nature sur la santé mentale, lisez le blogue « 5 effets de la nature sur la santé mentale ».
3. Agir pour l’environnement
S’engager dans la lutte pour la protection de l’environnement est une manière concrète de sortir de son sentiment d’impuissance et de regarder l’avenir environnemental avec un peu plus d’espoir. Toute action est bonne ici! Que ce soit un changement de comportement comme acheter plus souvent en vrac ou une participation importante dans la protection d’un milieu naturel près de chez vous, l’important est d’agir pour établir chez vous un sentiment d’accomplissement.
Certaines actions sont cependant plus difficiles à accomplir. Les mobilisations citoyennes par exemple peuvent parfois voir leur motivation freinée par la complexité des appareils administratifs en place. Toutefois, plusieurs outils existent pour faciliter l’action citoyenne. Nature Québec a d’ailleurs récemment publié son nouvel outil interactif « Nature de proximité en danger » afin de soutenir les groupes citoyens dans leurs démarches de protection des milieux naturels de proximité.
4. En parler
Si l’action et l’engagement citoyen peuvent aider à apaiser l’écoanxiété, miser uniquement sur cette méthode peut mener à une grande fatigue, voire même ce que plusieurs qualifient dans le domaine environnemental de « burnout du militant » [5]. C’est pourquoi il est important de chercher un équilibre qui nous permet d’apaiser l’écoanxiété et d’agir à long terme.
S’entourer d’une communauté qui partage des valeurs, des craintes et des buts communs peut être motivant [6] en plus d’offrir un bon réseau pour parler de ce que vous ressentez avec des gens qui vivent les mêmes émotions que vous.
Sinon, il existe aussi des ressources externes à consulter qui peuvent vous aider à passer à vivre avec vos émotions d’écoanxiété.
Éco-Motion est un organisme québécois qui se spécialise justement dans le domaine des éco-émotions et des outils qui permettent de les identifier et de les accepter. Les intervenant-e-s formés dans le milieu offrent une panoplie d’ateliers et d’outils autant pour les individus que les organisations, travaillant ainsi à démystifier ce phénomène et à accompagner les gens dans leur adaptation à l’écoanxiété.
Le verdissement urbain, un allié pour la santé de tous
Connaissez-vous les effets potentiels du verdissement en milieu urbain ?
Plusieurs municipalités se mettent déjà en action et Nature Québec souhaite encourager d’autres municipalités à lutter contre les changements climatiques notamment en mettant en place des initiatives de verdissement. En plus, ces initiatives peuvent avoir un impact important sur la santé de la population!
Dans le cadre du projet Pour des villes vivantes de Nature Québec, VITAM – Centre de recherche en santé durable, a produit une évaluation d’impact sur la santé (EIS) afin d’estimer les effets potentiels sur la santé des initiatives de verdissement urbain.
Bien qu’il faudrait demeurer vigilant quant aux répercussions potentielles sur les rues avoisinantes, les mesures de verdissement auraient ainsi des effets positifs sur la santé des personnes qui habitent dans les endroits concernés par les trames vertes. Une bonne idée, de faire un virage vers la santé!
Votre appui est essentiel
Votre appui est essentiel pour empêcher les gouvernements et les industries d’aggraver la crise de la biodiversité. Vos dons nous permettent de mener des campagnes indépendantes et sans compromis.
Rédaction
Daphnée Gagnon-Beaulé, Agente de communication numérique
Révision
Chloé Allard, Chargée de communication Biodiversité
Gabriel Marquis, Directeur des communications