La microforêt, de gros avantages
30 mai 2024La plantation d’arbres dans votre ville est synonyme de bonne nouvelle pour l’environnement. Lors de vos marches quotidiennes, vous jouissez de l’ombre, d’air propre et du chant des oiseaux qui accompagne le nouvel aménagement que votre municipalité a planté dans un effort d’embellissement, d’adaptation aux changements climatiques et qui favorise la biodiversité.
Puis, au milieu de votre parcours, quelque chose attire votre attention : des végétaux sont plantés de façon beaucoup plus rapprochée qu’à l’habitude. Ce n’est pas une plantation d’arbres comme les autres… c’est une microforêt!
Qu’est-ce qu’une microforêt?
Les microforêts sont souvent plantées dans des parcs ou des endroits marginaux, non utilisés, comme sur les bords d’autoroutes ou en bordure de parc. Donc, il ne s’agit pas de restaurer un milieu naturel, mais plutôt de créer un écosystème, un nouvel habitat où pourront s’établir et croître des espèces indigènes. Pour ce faire, une grande diversité d’arbres est plantée de manière rapprochée, soit 3 à 5 plants par mètre carré1. Ceux-ci ont des besoins complémentaires en termes d’ensoleillement et atteindront différentes hauteurs comme dans une forêt naturelle.
Une microforêt est un aménagement forestier très dense planté sur une petite superficie de sol qui encourage la pousse rapide d’arbres de différentes espèces sur plusieurs strates, afin de recréer la dynamique naturelle des forêts. Bref, c’est comme une forêt… mais format micro!
Cette technique mise sur la densité pour influencer une croissance plus rapide des végétaux, comme dans une forêt naturelle2. Rapprocher les arbres renforce la compétition entre eux pour les ressources en eau et de minéraux dans le sol. Conséquemment, plusieurs arbres et plantes vont mourir dans le processus. Ceci dit, le résultat n’en sera pas pour autant négatif.
Alain Paquette, chercheur en science biologique à l’UQAM, explique à La semaine verte que les arbres morts sont « fondamentaux à la santé d’une forêt parce qu’on a pleins d’organismes qui sont soit valorisés, soit carrément dépendants des arbres morts. »3 De multiples champignons, oiseaux et insectes utilisent le bois mort comme habitat ou pour se nourrir. Ainsi, les microforêts tentent de reproduire la dynamique naturelle des forêts, mais sous format micro.
Quels sont les bénéfices des microforêts pour la biodiversité ?
La technique distinctive à la base des microforêts nécessite un bon choix de végétaux. En favorisant des essences indigènes, on crée un habitat propice à la biodiversité locale. Ceci permet à la faune et la flore locale de trouver des refuges en milieux urbains et péri-urbains.2 Ce bénéfice est d’autant plus important que les pressions les plus intenses sur la biodiversité du Québec s’exercent surtout dans le sud du territoire où les conflits d’usage entre la conservation et l’urbanisation sont nombreux.
Cela dit, pour observer les pleins bénéfices des microforêts pour la biodiversité, il faut se garder de planter des espèces non indigènes qui peuvent être plus productives, mais moins résilientes au milieu. C’est d’ailleurs l’observation de cette différence, parmi d’autres facteurs, qui a mené le botaniste japonais Akira Miyawaki à élaborer la technique des microforêts. C’est aussi pourquoi cette technique, qui mise sur la simplicité, est aussi connue sous le nom de «méthode Miyawaki».3
Quels avantages pour vous et votre municipalité ?
La méthode Miyawaki n’est pas conçue pour permettre aux citoyen-ne-s de se promener sous le couvert forestier, car peu d’espace séparent les troncs. Ceci dit, vous pouvez profiter d’une panoplie d’avantages liés à leur proximité. En voici quelques-un:
Les végétaux dans les petites forêts filtrent et purifient l’air de la ville, permettant ainsi aux gens dans le coin de respirer de l’air frais ;
L’îlot végétalisé, par l’ombre créée par sa dense canopée et l’action de l’évapotranspiration, rafraîchit les milieux environnants qui autrement serait un îlot de chaleur en ville ;
La mini forêt capte les eaux de pluie et diminue le ruissellement vers le système d’aqueducs. Elle limite donc également l’impact des crues et des inondations ;
Les arbres de la forêt participent à diminuer les émissions de gaz à effets de serre en captant le carbone dans l’atmosphère et donc, de lutter contre les changements climatiques ;
La présence d’un petit écosystème en milieu urbanisé rapproche les citoyens à la nature et aide à lutter contre le déficit nature.
Où trouver des microforêts au Québec?
Élaboré dans les années 1970 de l’autre côté du globe, le concept de microforêt a été popularisé et appliqué avec succès en Asie grâce à la méthode Miyawaki. Ce n’est que récemment qu’elles ont fait leur apparition au Canada. Au Québec, on en compte une dizaine, majoritairement présentes dans le sud. Toutefois, ces mini forêts commencent à prendre racine dans plusieurs municipalités. Les villes de Candiac, Longueuil, Repentigny, Pincourt, Québec et plusieurs arrondissements de Montréal ont déjà mis en application la méthode Miyawaki et fait un projet d’une plantation de microforêt.
Depuis quelques années consécutives maintenant, la coopérative Arbre-Évolution plante des microforêts au Québec en zone urbaine, il est donc certain que cet aménagement prendra de l’ampleur avec le temps.
Afin d’accélérer le mouvement, Nature Québec, à travers son projet En mode solutions nature, fait la promotion des microforêts comme solution aux changements climatiques auprès des municipalités participantes.
Suivez notre équipe du projet En mode solutions nature sur le terrain!
À l’été 2024, notre équipe de biodiversité se promènera à travers la province pour clore le projet En mode solutions nature dans les municipalités participantes et planter de nombreux arbres nourriciers qui pourront bénéficier les citoyens et les oiseaux.
En mode solutions nature vise à faire reconnaître les solutions nature comme outil de lutte aux changements climatiques au Québec. Par une campagne de sensibilisation et l’accompagnement de projets vitrines dans des municipalités, En mode solution nature propose d’évaluer et de faire connaître le potentiel des écosystèmes dans la mitigation et l’adaptation aux changements climatiques sur le territoire québécois.
Conclusion
Les microforêts québécoises sont encore jeunes et il demeure incertain comment cette méthode s’adaptera et évoluera en sol et climat nord-américain. Néanmoins, ces impressionnants petits écosystèmes sauront émerveiller et bénéficier tous ceux qui les côtoient.
Crédits
Rédaction : Chloé Allard, Chargée de communication Biodiversité
Révision : Gabriel Marquis, Directeur des communications