Je ne voudrais pas faire de jaloux, mais je suis une grande fan de Nature Québec

23 novembre 2021

Dans le cadre de son 40e anniversaire, Nature Québec a invité plusieurs anciens collaborateurs-trices et militant-e-s à s’exprimer sur les luttes environnementales qui les ont marqué-e-s et leur perception du rôle de l’organisme dans les batailles passées, mais également les défis futurs .

La parole à Carole Dupuis.

– Porte-parole du Mouvement écocitoyen UNEplanète et Membre du conseil d’administration du Front commun pour la transition énergétique

D’abord, son nom est parfait. Simple, élégant, il se retient instantanément et dit tout, en douze petites lettres, sur la raison d’être de l’organisme. Et il contient le plus beau mot de la langue française : Nature.

Ses campagnes nous plongent dans la beauté du monde. Bien entendu, nous travaillons toutes et tous pour la beauté du monde. Mais nous, les autres membres du mouvement, nous nous colletaillons la plupart du temps avec le côté sombre du dossier environnemental. Le pétrole sale. Les noires manigances de l’industrie fossile qui mène sciemment la planète à la catastrophe depuis des décennies. Les fausses promesses du gaz et ses vraies combines pour continuer à se développer aux crochets des gouvernements, au mépris de la science et du vivant. Et maintenant, les marchands de rêve sans scrupule qui s’acharnent à retarder l’action climatique en détournant l’attention et les fonds publics vers des technologies qui ne seront au mieux que des palliatifs impuissants à s’attaquer aux causes de l’effondrement annoncé.

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Nature Québec, elle, nous parle plus fréquemment de tout ce que nous aimons : l’île d’Anticosti, les bélugas, les caribous, les abeilles, les forêts, les milieux naturels, le fleuve … la vie! C’est nécessaire et apaisant. Ça apporte de l’oxygène dans un quotidien suffocant.

Mon premier contact direct avec Nature Québec remonte au 11 octobre 2014, alors qu’avec ma famille, je montais dans un autobus nolisé par l’organisme pour me rendre à Cacouna afin de protester contre le projet de port pétrolier de TransCanada dans la pouponnière des bélugas. Quelle journée! Quatre mois plus tard, le 2 février 2015, rebelote : c’est Nature Québec qui avait réservé l’autobus nous permettant de rejoindre les 100 000 militantes et militants réunis à Ottawa pour s’opposer à Énergie Est.

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Depuis ce temps, j’ai souvent observé que Nature Québec était là pour faire son bout de chemin à des moments cruciaux, ce qui est très chouette. Je laisse remonter les souvenirs et je me rappelle que le 25 avril 2015, c’est Nature Québec qui a accueilli au Centre Frédéric Bach la trentaine d’organismes réunis pour la fondation officielle du Front commun pour la transition énergétique. Je vois Christian Simard donnant une conférence lors du Forum « Quand l’or noir rencontre l’or bleu » que ma sœur Irène et moi avons organisé à Saint-Antoine-de-Tilly le 7 juin 2015. Il était sur le quai de Bécancour, le 23 avril 2017, pour le lancement de la campagne Vous ne passerez pas du RVHQ. Quand, en septembre 2017, j’ai organisé un briefing scientifique des médias pour déboulonner le mythe du gaz naturel comme énergie de transition, Nature Québec était à mes côtés.

En 2018, Nature Québec a fait une place dans ses locaux à Anne-Céline Guyon, alors coordonnatrice du Front commun pour la transition énergétique. Encore aujourd’hui, les correspondances officielles du Front commun arrivent toujours chez Nature Québec qui nous les achemine fort gentiment.

Des dg craquants

Aussi, je craque pour les dg de Nature Québec. Je revois Christian Simard qui parlait avant moi lors d’une consultation publique. Son plaidoyer pour l’île d’Anticosti aurait fait fondre un cœur de pierre! Je le revois chez moi, assis à la table de la salle à manger, en train de réfléchir avec les acteurs locaux sur les manières de protéger la Forêt seigneuriale Joly de Lotbinière. Aussi, sur Skype (on ne zoomait pas encore!), lors des réunions du CA du Front commun pour la transition énergétique dont il a fait partie en 2018-2019. Christian a toujours été, à ma connaissance, un complice attentif et attentionné avec les autres forces du milieu.

Et Alice-Anne Simard! Cette force de la Nature (Québec)! Une autre joueuse d’équipe. C’est sous sa gouverne que Nature Québec a tenu un rôle clé pour faire converger les efforts des organismes environnementaux en appui aux groupes citoyens qui se battaient sur la ligne de front contre GNL Québec.

Portrait d'Alice-Anne Simard, directrice générale de Nature Québec
Alice-Anne Simard, directrice générale

C’est aussi avec elle à la barre qu’en 2021, Nature Québec a rejoint le Chantier ZéN (Zéro-émission nette) de la région de Québec, aux côtés de Transition Capitale Nationale et des autres partenaires du Chantier, et donné un fier coup de main à l’organisation de la première Semaine d’actions ZéN. Il n’y a pas à dire : tout comme son prédécesseur, Alice-Anne s’emploie à rallier les forces vives pour accompagner les luttes sur le chemin de la victoire.

Une culture fertile

Je suis consciente, en revisitant mes souvenirs et perceptions au sujet de Nature Québec, de mentionner de bien grandes choses, mais aussi de très petites. J’en retiens une leçon : si j’ai envie d’évoquer tous ces éléments, c’est parce qu’ils dénotent une culture de solidarité qui me semble très fertile. Plus qu’un combat ou une victoire en particulier (il y en a eu tellement !), cette culture est peut-être ce qui explique le mieux l’estime que je porte à Nature Québec. Et le fil conducteur de ma vision de l’avenir du combat pour le climat et la biodiversité.

D’une part, sur le plan personnel, les militantes et militants ont profondément besoin de se sentir entourés pour faire face à la détresse écologique. La solidarité réconforte. Peu importe comment elle s’exprime, elle émousse la tentation de désespérer et nourrit la motivation à persévérer.

D’autre part, selon moi, la solidarité des mouvements sociaux est la seule stratégie qui nous permet d’espérer un certain degré de succès dans nos luttes collectives contre le réchauffement climatique et le déclin de la biodiversité.

Former un mur de solidarité

Les défis auxquels nous faisons face sont écrasants. Je crois que pour les relever, il faut que la mouvance progressiste se voie comme un écosystème dont chaque membre, possédant des capacités uniques et essentielles, est appelé à jouer un rôle distinct en complémentarité et en solidarité avec tous les autres. 

Un tel écosystème ne laisse aucune place à la complaisance envers l’écoblanchiment, les fausses solutions, les demi-mesures ou les incohérences : la complaisance ouvre inévitablement une brèche dans le mur de solidarité que nous devons opposer à la destruction des conditions de vie sur terre.

Il ne laisse pas de place non plus à l’éparpillement ou à la redondance –– nous n’en avons pas les moyens –– ni à la rivalité, à la territorialité, au repli ou à la division. Il exige que chaque membre de l’écosystème se libère le plus possible des contraintes organisationnelles qui limitent sa contribution à l’atteinte du but commun. 

Il reconnaît la nécessité d’appliquer une pluralité de théories du changement et valorise toutes les stratégies menant à l’émergence de nouveaux paradigmes viables –– de l’éducation à la perturbation en passant par la représentation et la construction de solutions de rechange. Il déploie des actions collectives sur les théâtres d’action qui sont communs à tous ses membres et laisse à ceux-ci le champ libre pour occuper individuellement ou en coalition, la place qui correspond à leur théorie du changement particulière.

Un tel système pourrait s’inspirer, au moins en partie, de la culture de solidarité de Nature Québec. N’en êtes-vous pas fan, vous aussi?

Continuons 40 ans ensemble!

Faites partie de l’histoire et supportez les multiples campagnes de Nature Québec maintenant!

Crédits

Rédaction : Carole Dupuis, Porte-parole du Mouvement écocitoyen UNEplanète, Membre du conseil d’administration du Front commun pour la transition énergétique

Révision :  Gabriel Marquis

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