COP28 : 5 revendications pour l’environnement

5 décembre 2023
Entrée cop28, avec palmiers

La COP28 a lieu en ce moment à Dubaï. Nature Québec est sur place pour suivre les enjeux biodiversité et nature, dénoncer les fausses solutions et participer à plusieurs événements. Voici 5 de nos revendications globales et des moyens concrets de les appliquer au Canada :

1— La sortie de toutes les énergies fossiles

Un des enjeux de cette COP climat est d’enfin désigner dans l’accord final l’éléphant dans la pièce jusqu’ici : la sortie de toutes les énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz), qui, rappelons-le sont les principales responsables des dérèglements climatiques. Cette sortie est primordiale si on veut « maintenir l’augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2 °C au-dessus des niveaux préindustriels et […] poursuivre les efforts pour limiter l’augmentation de la température à 1,5 °C », tel que stipulé dans l’Accord de Paris

société civile qui proteste pour la sortie des énergies fossiles à la cop28 à Dubaï

C’est pourquoi nous demandons au gouvernement canadien de soutenir l’inscription d’une élimination juste, rapide et complète de tous les combustibles fossiles dans l’accord final de la COP28. De plus, nous revendiquons l’arrêt des subventions publiques directes au secteur fossile. Après avoir mis fin aux subventions « inefficaces » aux combustibles fossiles, il s’agirait d’une deuxième étape vers un désengagement progressif de ces derniers. Mais il ne faudrait pas en rester là. Tel que mentionné dans le dernier rapport du Commissaire à l’environnement, le Canada n’est pas sur la bonne voie pour atteindre ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2030. Ceci s’explique notamment par le retard accumulé dans l’élaboration et la mise en œuvre de la réglementation devant forcer le secteur des énergies fossiles à faire enfin sa juste part. À ce titre, alors que le gouvernement avait annoncé en grande pompe à la COP26 vouloir plafonner les émissions de GES du secteur pétrolier et gazier, en ce début de COP28 et donc deux ans plus tard, nous n’avons toujours pas l’ombre d’un projet de règlement. Nous attendons donc avec impatience une annonce en ce sens. 

Au niveau provincial, nous demandons une hausse de la cible québécoise qui n’a pas changé depuis l’Accord de Paris (-37,5 % de réduction d’émissions de GES d’ici 2030 par rapport au niveau de 1990). Ce n’est pas assez quand on sait que la juste part du Québec se situe à -65 % ! Nous demandons donc de rehausser l’ambition et de financer les actions. Aussi, le plan pour une économie verte du Québec (PEV) doit être lié et cohérent avec le futur Plan nature. Le Québec doit également montrer son sérieux dans sa volonté d’être un leader parmi la Beyond Oil and Gas Coalition (BOGA), notamment en annonçant la sortie du gaz fossile dans les bâtiments.

Notre panel à ce sujet

Saviez-vous que l’utilisation de gaz naturel est responsable de 63 % des émissions de GES liées au secteur du bâtiment au Québec ?

Faites comme des centaines de foyers et engagez-vous à dire NON au gaz :

2— Des solutions climat qui soutiennent la biodiversité

solution nature en milieu humide et hydrique

Une de nos préoccupations lors de cette COP est que l’écoblanchiment et les fausses solutions occupent une place prépondérante dans les discussions, et même dans les négociations. Or, on le sait et on le rappelle : les solutions à la crise climatique ne doivent en aucun cas aggraver la crise de la biodiversité. Avec d’autres collègues du milieu environnemental, nous appelons à lier les objectifs de l’Accord Kunming-Montréal (COP15 sur la biodiversité) à ceux de l’Accord de Paris (COP21 sur le climat) pour répondre aux deux crises en même temps.

Plus que jamais, les entreprises et les États risquent de mettre de l’avant les solutions fondées sur la technologie (électrification, captation du carbone…) pour diminuer nos émissions de GES. Or, miser uniquement sur ce genre de solutions technologiques risque d’aggraver la crise de la biodiversité (notamment par la recherche de matériaux stratégiques). C’est pourquoi Nature Québec défend une vision où une plus grande place est faite aux approches fondées sur les écosystèmes

Anne-Celine Guyon lors de la COP28 à Dubaï

Le 10 décembre, à 9 h 30, heure de Dubaï, Nature Québec tiendra un panel nommé « COP15 à COP28 : les écosystèmes à la rescousse du climat et de la biodiversité ». Avec nos partenaires de Global Youth Biodiversity Network, nous aborderons le rôle de la nature dans la mitigation et l’adaptation aux changements climatiques à travers les solutions basées sur la nature. L’événement sera disponible en ligne en direct, mais aussi après la conférence du 10 décembre.

3— Le doublement du financement pour l’adaptation aux changements climatiques

Même si les efforts concernant l’atténuation doivent continuer, travailler sur le front de l’adaptation est devenu une urgence. Une partie des négociations de la COP à Dubaï concerne donc le financement de l’adaptation aux changements climatiques. Et les besoins sont grands alors que les impacts des changements climatiques se font de plus en plus ressentir partout sur la planète. À l’instar de la communauté internationale, nous demandons donc à ce que le financement de l’adaptation soit doublé. Nous sommes rendu-e-s là !

Rencontres quotidiennes du CanRac à la cop28 à Dubaï

À noter que le Québec ne s’est toujours pas doté d’une stratégie d’adaptation en bonne et due forme. Or au vu des catastrophes qui se multiplient sur le territoire comme on a pu le constater avec les feux et les inondations de cet été, une telle stratégie devient urgente ainsi qu’un plus grand soutien financier aux municipalités qui sont au front de l’adaptation.

Nature Québec suivra également la mise en œuvre du Fonds pertes et préjudices visant à financer les dommages subis par les pays vulnérables touchés par les catastrophes climatiques. Ce fonds a été annoncé l’an passé et doit absolument être mis en place rapidement.

4— Un bilan honnête

Pavillon cop28

La COP28 est la COP du premier bilan mondial depuis l’Accord de Paris. Autrement dit, celle du moment de vérité où on va constater le gouffre entre les engagements pris par les différents États depuis 2015 et les réelles actions mises en œuvre. Nous allons aussi savoir si ces actions fonctionnent ou pas. Il sera primordial de tirer et communiquer un bilan honnête, de reconnaître les manquements et de se servir de cela pour avancer plus vite et de façon plus efficace dans les prochaines années. Nous devons talonner les gouvernements à appliquer ce pour quoi ils se sont engagés et pour cela, nous devrions avoir le droit d’accéder à des informations fiables et transmises de manière transparente.

5— Des décisions pour le bon déroulement des futures COP

Selon Nature Québec, ce n’est pas le lieu où se déroule une COP qui détermine si elle est crédible ou non. Certes le lieu où se déroule cette COP28 peut contribuer à alimenter le cynisme envers ce rendez-vous international, mais pour autant, les COP climat ont une importance capitale pour espérer des engagements internationaux sur les différents enjeux climatiques et ne devraient pas être réduits à leur lieu d’accueil.

Par contre une chose est sûre : pour l’instant, le processus onusien manque de mécanismes pour éviter les conflits d’intérêts. Que les Émirats arabes unis accueillent la COP est une chose, que la présidence soit accordée au PDG d’une compagnie pétrolière et gazière en est une autre. Des mécanismes de contrôle devraient être établis pour éviter de reproduire cette erreur dans le futur et pour interdire notamment la présence de tout lobby industriel à l’intérieur même des délégations nationales. Il n’est pas normal que des industries aient un accès aussi privilégié aux négociateur-rice-s comme c’est le cas par exemple dans la délégation canadienne.

Il est important d’avoir un moment durant lequel la communauté internationale fait le point, analyse ses avancées et ses échecs et trouve des solutions pour favoriser l’application des traités. Pour lutter contre les changements climatiques, il faut travailler ensemble, et avec la nature. Pas contre elle.

Nature Québec se fait porteuse de cette vision tout au long de la COP28 en suivant les négociations sur la sortie des énergies fossiles, les financements des fonds d’adaptation, et en soulignant l’importance de tirer un bilan honnête et transparent des avancées internationales ainsi que des mécanismes des COP.  

Pour savoir pourquoi Nature Québec a décidé de se rendre sur place lors de la COP28, vous pouvez consulter notre article de blogue Nature Québec en route vers la COP28.

Vidéos sur le terrain

Anne-Céline Guyon, Analyste Énergie et climat chez Nature Québec, fait des vidéos depuis Dubaï pour expliquer ce qui s’y passe.

 

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Notre travail à la COP28 a notamment été rendu possible grâce au soutien financier du gouvernement du Québec dans le cadre du Plan pour une économie verte 2030. Ce financement provient de la mesure de Coopération climatique municipale (mesure 4.2.3.2b).

Crédits

Rédaction : Lucie Bédet, chargée des communications

Révision : Anne-Céline Guyon, Analyste Énergie et climat

Photos : Nature Québec et Mélanie Jean