Notre énergie à la bonne place

12 juin 2025

Notre énergie à la bonne place

Pas un pipeline de plus !

Depuis janvier 2025, les politiques et les médias n’ont pas cessé de parler d’énergies fossiles. À coups de déclarations médiatiques, de cadeaux à l’industrie pétrolière et gazière et d’offensives publicitaires. Les gouvernements et les lobbys fossiles tentent de justifier des projets destructeurs du climat et de la santé. L’industrie fossile représentait 31 % des émissions de GES du pays en 2024. Contrairement à ce que certain-e-s voudraient nous faire croire, nous n’avons pas besoin de plus d’énergies fossiles au Québec ni au Canada. Nous n’avons pas besoin non plus de nouveaux projets d’oléoducs. On vous explique pourquoi nous n’avons rien à gagner de ces projets.

Une contre-offensive publicitaire pour contrer l’industrie fossile

Durant la dernière année, l’Alliance nouvelles voies (Pathways Alliance), regroupement et lobby des six plus grands producteurs de sables bitumineux canadiens, a affiché ses publicités partout au Québec. Dans nos journaux, sur les panneaux publicitaires, à la télé, sur nos réseaux sociaux, sur Spotify et même au centre Bell, l’industrie pétrolière et gazière dépense des millions pour surfer sur nos peurs et nous faire oublier le contexte des crises environnementales. Pour contrer leur mésinformation, Nature Québec réplique. Non, un pipeline ne bâtira pas une économie plus forte. 43 économistes l’affirment. Non, un pipeline ne devrait pas être un projet structurant pour le pays quand les énergies fossiles sont responsables des changements climatiques, de la fragmentation d’habitats fauniques et de nombreux enjeux de santé publique.

Nature Québec continuera à informer sur les impacts environnementaux et financiers de tels projets pour nos sociétés. Aidez-nous à les rappeler au Premier ministre Mark Carney.

Pourquoi nous aider ?

On ne renforce pas notre économie en misant sur une filière dont la demande s’apprête à plafonner puis diminuer. Dans un rapport publié en 2024 sur les marchés pétroliers mondiaux, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) indique que la demande en pétrole devrait atteindre un pic d’ici 2030 et diminuer fortement par la suite. Les infrastructures de projets d’énergies fossiles seraient non seulement coûteuses — par exemple environ 30 à 38 milliards de dollars pour la construction d’un projet de GNL tel que Marinvest Energy — mais aussi largement déficitaires sans un financement public massif. Comprendre ici, sans nos impôts. Même si on intègre les recettes fiscales et les emplois supposés, ces projets d’oléoducs ne présenteraient que de très faibles retombées économiques nettes pour le Québec. Alors que nous sommes en pleine crise climatique, l’urgence n’est pas d’augmenter la production ou le transport d’énergies fossiles, mais plutôt de bâtir une résilience et un avenir durable. D’autres projets seraient plus porteurs pour l’économie et des emplois à long terme au Québec, notamment dans un contexte de nécessaire transition énergétique. Misons sur l’électrification et les projets d’énergies renouvelables locaux, que l’on contrôle et qui servent nos communautés. Ne risquons pas les milieux naturels et la biodiversité du Québec pour des infrastructures fossiles qui servent des intérêts étrangers, qui seront néfastes dès aujourd’hui et désuètes dans moins de 25 ans.

On comprend la logique : se tourner vers d’autres partenaires commerciaux (Europe, Asie) plutôt que vers nos voisins américains qui nous imposent depuis Trump des tarifs qui menacent des emplois au pays. Cependant, il faut d’abord comprendre qu’augmenter la production d’énergies fossiles et construire de nouveaux pipelines prend du temps. Bien plus de temps que les années qui restent au mandat de Donald Trump, et donc possiblement, au maintien de cette guerre tarifaire. Cela signifie qu’un nouveau pipeline ne viendrait pas répondre à court terme à l’enjeu des tarifs de Trump, même si c’est ce que les lobbys laissent entendre.

Ensuite, posons-nous la question autrement : à qui servent réellement les projets d’énergies fossiles ? Un article publié dans l’Actualité répond à la question : « derrière le nationalisme pétrolier canadien, c’est l’aigle américain qui tire les ficelles et s’empare des profits. » Parmi les six entreprises de l’Alliance nouvelles voies (80 % de la production de sables bitumineux au Canada), quatre sont à 73 % étrangères, dont 60 % américaines. Les deux autres sont, d’un côté, une filiale canadienne d’une pétrolière américaine et de l’autre, propriété d’une compagnie à 85 % étrangère elle aussi. Pour les entreprises d’ici et les profits dans le pays, on repassera.

En effet, un récent rapport du groupe Canadiens pour une fiscalité équitable révèle que plutôt que de réinvestir dans l’économie canadienne, les entreprises des sables bitumineux du pays reversent six dollars sur dix de leurs profits à l’étranger. Quatre entreprises de l’Alliance nouvelles voies ont versé environ les trois quarts de leurs 79 milliards de dollars en dividendes et rachats de parts à des actionnaires étrangers, notamment 62 % aux américains. Alors est-ce en embrassant la main qui nous étrangle que nous allons devenir plus libres ?

Alors que les emplois créés localement seraient temporaires et limités, tandis que les bénéfices régionaux demeureraient minimes face aux actionnaires étrangers, ces projets verrouilleraient pour des décennies des millions de tonnes de gaz à effet de serre, menaçant nos milieux naturels et notre santé. En misant plutôt sur la réduction de la consommation énergétique, l’électrification et les énergies renouvelables locales, le Québec a autre chose à offrir.

Au moment où le gouvernement recule sur de nombreux engagements environnementaux et fait des cadeaux à l’industrie pétrolière et gazière (crédits d’impôt prolongés jusqu’en 2040, plafonnement des émissions de GES affaibli…), ne perdons pas de temps. Rappelons au gouvernement qu’il doit mettre notre énergie à la bonne place !

Quelques chiffres à considérer

30 à 38

milliards de dollars, c’est ce que la construction d’un projet tel que Marinvest Energy coûterait, et cela, financé en bonne partie par nos impôts.

Par contre, les retombées économiques pour le Québec seraient minimes puisqu’il s’agirait simplement d’une voie de passage entre l’Alberta et les marchés européens. Pour un projet similaire (GNL Québec), le nombre d’emplois restants après la construction des infrastructures était estimé entre 33 et 250.

2030

L’année à laquelle la demande en pétrole atteindra son pic puis déclinera rapidement selon l’Agence internationale de l’énergie.

Ça ne laisse que 5 ans avant le déclin de la demande. Le Canada a donc tout intérêt à mettre son énergie au service de la transition vers les énergies renouvelables plutôt que de perdre du temps et de l’argent dans des projets fossiles qui ne promettent aucune retombée positive à long terme.

110 000

personnes avaient signé une pétition contre GNL Québec en 2020.

C’est l’une des plus grosses pétitions environnementales de l’histoire du Québec. Les pipelines n’ont pas d’acceptabilité sociale au Québec. La solution à la crise tarifaire ne sera jamais de ressusciter des projets d’oléoducs et de gazoducs dans un monde en pleine crise climatique. Les Québécois-e-s le savent bien.

49%

de l’énergie consommée au Québec provient d’énergies renouvelables locales.

Nous pouvons continuer à augmenter ce pourcentage. L’autre moitié provient de combustibles fossiles majoritairement importés de l’Ouest canadien, dont la grande majorité pourrait être remplacée par de l’électrification et de petits projets énergétiques locaux. Le Québec est un leader reconnu internationalement pour ses démarches de transition hors des énergies fossiles. Tirons le Canada vers le haut !

Écrivez au premier ministre du Canada

Si le gouvernement veut réellement assurer la résilience des communautés et de l’économie du pays, il doit être cohérent avec la science. Or, les scientifiques et les économistes nous répètent qu’il faut opérer au plus vite une transition en dehors des énergies fossiles.

Si comme nous, vous souhaitez que le gouvernement redouble d’efforts pour protéger le climat, sortir de notre dépendance à des ressources limitées et appuyer une vision d’un monde plus sobre, c’est le temps de vous impliquer. Faites entendre la voix du Québec et écrivez au premier ministre fédéral pour lui demander de mettre notre énergie à la bonne place. Par la même occasion, nous avons ajouté en CC la ministre de l’Environnement et du Changement climatique, le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles et le lieutenant du Québec.

En actions

Des questions ?

Quels sont les impacts des énergies fossiles sur l’environnement, le climat et la biodiversité ? Les pétrolières et gazières peuvent-elles être carboneutres ? Augmenter la production de pétrole et de gaz et construire de nouveaux oléoducs sont-elles des réponses face à la guerre tarifaire avec les États-Unis ? On a toutes ces réponses pour vous dans notre foire aux questions fréquentes. Si votre question persiste, écrivez-nous à info@naturequebec.org 

Agissez avec nous

Propulsez cette campagne en mettant votre temps à la bonne place et en agissant avec nous !

Vous avez 1 minute ?

Envoyez un courriel prérédigé au premier ministre du Canada pour lui demander de mettre notre énergie à la bonne place !

Vous avez 5 minutes ?

Faites un don à Nature Québec pour que l’on continue nos actions. Cette campagne nous demande de réagir aux actualités et de mettre en place plusieurs actions de communication (production vidéo, achat d’espaces publicitaires, conférence). Nous devons aussi rencontrer des élu-e-s et les convaincre de mettre notre énergie à la bonne place. Un don de 20 $ s’accompagne d’un reçu fiscal et vous donne le statut de membre pour un an.

Sources

Environnement et Changement climatique Canada (2025) Rapport d’inventaire national 1990-2023 : Sources et puits de gaz à effet de serre au Canada.

Régie de l’énergie du Canada (2025), Profils énergétiques des provinces et territoires — Canada

Whitmore, J., Pineau, P.-O., 2025. État de l’énergie au Québec 2025, Chaire de gestion du secteur de l’énergie — HEC Montréal, rapport préparé pour le gouvernement du Québec.

International Energy Agency, World Energy Outlook 2023

IMF Working Paper, Fiscal Affairs Department, Global Fossil Fuel Subsidies Remain Large: An Update Based on Country-Level Estimates, Prepared by David Coady, Ian Parry, Nghia-Piotr Le, and Baoping Shang, May 2019

Jean-Lévesque Vincent, Pineault Éric (dir), juin 2025, Analyse d’impact de la relance d’un projet de transport d’énergie fossile sur l’économie du Québec

Dave Sawyer, Seton Stiebert, Les émissions du Canada ont stagné en 2024, d’après les estimations préliminaires, https://440megatonnes.ca/fr/insight/les-emissions-du-canada-ont-stagne-en-2024/