6 manières de favoriser l’inclusion des aînés en ville

19 août 2021

Les aménagements urbains ont un impact significatif sur les comportements et la vie des aînés en ville. L’espace public, lorsqu’il est aménagé et végétalisé adéquatement, peut apporter de nombreux effets positifs sur la santé et la participation sociale. Voici 5 aménagements qui favorisent l’intégration des personnes aînées dans l’espace public.

Des trottoirs adaptés et des couloirs verts pour une mobilité active

L’aménagement de parcours attractifs entre les différents lieux fréquentés par les personnes aînées (épiceries, services publics, transports collectifs, etc.) encourage les déplacements actifs et favorise l’inclusion sociale. Cela peut se faire, entre autres, en aménageant des trames vertes avec des trottoirs larges et à l’ombre de la canopée et de la végétation, ou encore en privilégiant les transports actifs et collectifs dans la ville et donc en réduisant la circulation, notamment aux intersections routières. D’ailleurs, la marche est la plus accessible et la plus populaire des activités auprès des aînés en ville. Il est donc tout aussi important de créer des sentiers adaptés pour la marche récréative, par exemple dans les parcs.

Le saviez-vous ?

Une étude de 2010 de l’Institut de la statistique au Québec(1) révèle que l’incapacité liée à la mobilité au Québec touche 34 % des personnes âgées de 65 ans et augmente à 65 % chez celles de 85 ans et plus. C’est pourquoi il est primordial de prendre en compte les facteurs de mobilité réduite dans l’aménagement du réseau piéton, des parcs et des centres de services.

Des espaces verts à moins de 300 mètres des résidences pour aînés

La présence d’espaces de vie végétalisés a un effet bénéfique sur la santé physique et mentale de tous les citoyens, incluant les personnes aînées. En effet, l’aménagement d’espaces verts réduit les risques de diabète de type II, de maladies cardiovasculaires, de décès prématurés (5), et peut ralentir le déclin des facultés cognitives chez les personnes aînées (6).

 En créant des environnements plaisants en toute saison, à Québec, ou en région, qui offrent une occasion de se détendre, de rencontrer différentes générations et de diminuer les effets négatifs des changements climatiques (pollution de l’air, bruit, îlots de chaleur), la qualité de vie de tous en est grandement améliorée.

Du mobilier urbain et l’accès à des points d’eau pour du confort dans l’espace public

Lors d’une promenade récréative dans les espaces publics de la ville, il est peu probable de partir d’un point A à un point B sans s’arrêter. Au contraire, prendre des pauses, observer le paysage et les monuments sont des manières de se reposer et de socialiser. Cela est d’autant plus vrai pour les personnes aînées et pour celles qui vivent avec des difficultés motrices. Du mobilier urbain ergonomique (bancs, assises… vive le confort !), l’accès à des toilettes et à des points d’eau et des commerces avec une accessibilité universelle facilitent le confort des personnes aînées en ville.

Qu’est-ce qu’un espace public ?

« L’espace public désigne l’ensemble des espaces (généralement urbains) destinés à l’usage de tous, sans exception. Il peut ainsi s’agir de tout espace de circulation (réseau viaire) ou de rassemblement (parc, place, etc.) » (2).

Qu’est-ce que l’accessibilité universelle ?

« L’accessibilité universelle est un concept d’aménagement qui favorise la réalisation d’environnements sans obstacle pour toutes les clientèles, qu’il s’agisse, par exemple, de personnes à mobilité réduite, malentendantes, malvoyantes, aînées, immigrantes ou encore de familles ayant de jeunes enfants » (4).

De l’éclairage et des arbres urbains pour plus de sécurité

Avec l’avancée en âge, certaines personnes constatent un déclin graduel de leurs sens, tels que la vue et l’ouïe. Il peut alors être plus ardu de lire la signalisation et de se diriger dans l’espace. En outre, lorsque les obstacles potentiels ne sont pas bien signalés, cela contribue au sentiment d’insécurité des aînés en ville. Pour y remédier, les parcours doivent profiter d’une bonne visibilité et d’un éclairage suffisant la nuit, d’une signalisation bien apparente et de lieux régulièrement entretenus été comme hiver, de manière à diminuer les sources d’obstacles. Ces ajustements peuvent faire une grande différence pour le sentiment de sécurité et la facilité de déplacement des personnes aînées.

De plus, les arbres urbains ont un grand rôle à jouer, car les rues bordées d’arbres encourageraient les automobilistes à ralentir, puisqu’elles semblent plus étroites. Les risques d’accident diminuent et la sécurité augmente. Un autre des nombreux avantages des arbres !

Le saviez-vous ?

Une rue bordée d’arbres contient jusqu’à 4 fois moins de poussières atmosphériques qu’une rue similaire voisine sans arbre (3).

Des activités communautaires et intergénérationnelles

Les personnes aînées représentent une tranche de la population dont les réalités et les besoins sont divers. Soulignons qu’en 2018, 19 % de la population était âgée de 65 ans et plus et que ce chiffre montera à 25 % en 2030 (7). Et 39% des personnes aînées se disent actives : il est donc primordial qu’elles aient les moyens de s’occuper (8).

Si certains aînés vivant en ville souhaitent des endroits pour lire, s’asseoir et vaquer à des occupations tranquilles, d’autres recherchent des activités plus actives telles que la marche rapide, le patin et le jardinage. Les parcs et les espaces verts sont propices à accueillir une variété d’activités, ce qui en font des espaces idéaux pour s’amuser en ville !

Inclure les personnes aînées et encourager leur participation dans la conception des espaces verts

Parmi les façons d’inclure davantage les personnes aînées dans les processus de verdissement urbain, l’une d’entre elles est de mettre en place des groupes de discussion composés de personnes aînées qui permettraient, par la suite, aux parties  impliquées de discuter des projets en cours, recueillir des retours et ajuster les plans selon leurs suggestions. Ils pourraient ainsi fournir des avis et des recommandations sur les projets urbains en organisant des réunions régulières. Par ailleurs, ces espaces de partage et de co-création facilitent le partage d’expériences vécues et des besoins réels associés à leur environnement immédiat. 

Dans cette optique, Nature Québec a lancé en 2021 le projet Ginkgo, visant à optimiser les milieux de vie pour les personnes âgées par le biais de projets de verdissement inclusifs, participatifs et intergénérationnels dans la région de Québec et ses environs. Au cours de la première phase, le projet a impliqué plus de 700 participant-es lors des ateliers de mobilisation et de sensibilisation. Actuellement, une deuxième phase est en cours pour étendre l’initiative à d’autres régions administratives du Québec, avec pour objectif de planifier davantage de consultations pour l’aménagement d’espaces verts en co-création avec les résident-es des centres d’hébergement de longue durée.

« Les bénéfices de la participation sociale se manifestent sur les plans de la santé physique, de la santé mentale et du recours aux services. Les raisons qui permettent d’expliquer ce phénomène renvoient à une dynamique complexe au carrefour de facteurs physiques, psychologiques et sociaux. » [10]

Le saviez-vous ?

Selon INSPQ : 24 % des personnes aînées aimeraient participer à plus d’activités sociales et 22 % ne participent à aucune activité sociale et communautaire. [9]

L’ensemble de ces stratégies permettent de favoriser l’intégration des personnes aînées en ville et dans l’espace public en général. Elles répondent aux besoins des populations vulnérables, mais aussi à de nombreux enjeux qui touchent l’ensemble des citoyens (mobilité, sécurité, verdissement). L’aménagement des villes doit prendre en compte ces éléments, doit protéger les arbres matures et doit privilégier un accès à la nature pour la santé et le bien-être de toutes les générations.

Références

(1) Institut de la statistique au Québec, Enquête québécoise sur les limitations d’activités, les maladies chroniques et le vieillissement 2010-2011

(2) Vivre en ville, Des milieux de vie pour toute la vie, 2019

(3) Jacklyn Johnston & John Newton, Building Green A guide to using plants on roofs, walls and pavements, 2004

(4) Ville de Québec, Citoyens, Accessibilité universelle, 2021

(5) Caoimhe Twohig-Bennett, Andy Jones, The health benefits of the great outdoors: A systematic review and meta-analysis of greenspace exposure and health outcomes, Environmental Research, Volume 166, 2018.

(6) de Keijzer C., Tonne C., Basagaña X., Valentín A., Singh-Manoux A., Alonso J., Antó J.M., Nieuwenhuijsen M., Sunyer J., Dadvand P. Residential Surrounding Greenness and Cognitive Decline: A 10-Year Follow-up of the Whitehall II Cohort. Environmental Health Perspectives, 2018.

(7) Institut national de santé publique du Québec, Population âgée de 65 ans et plus, 2020

(8) Institut de la Statistique du Québec, Zoom Santé, Vieillir en santé : caractéristiques associées au niveau d’activité physique chez les aînés québécois, 2020

(9) Institut de la Statistique du Québec, Lutter contre l’isolement social et la solitude des personnes aînées en contexte de pandémie, 2020

(10) Raymond, É., D. Gagné, A. Sévigny, et A. Tourigny, 2008. La participation sociale des aînés dans une perspective de vieillissement en santé. Réflexion critique appuyée sur une analyse documentaire. Québec: Direction de santé publique de l’Agence de la santé et des services sociaux de la Capitale-Nationale, Institut national de santé publique du Québec, Centre d’excellence sur le vieillissement de Québec et Institut sur le vieillissement et la participation sociale des aînés de l’Université Laval. 111

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Aurélie Léveillé
Chargée de projet en environnement urbain
aurelie.leveille@naturequebec.org