5 raisons de protéger la Forêt de la Seigneurie de Lotbinière

17 août 2023

Située dans Chaudière-Appalaches, la grande valeur écologique et la beauté de la Forêt de la Seigneurie de Lotbinière gagnent à être connues. Nature Québec est partenaire d’un projet de conservation de cette forêt et appuie la remarquable mobilisation des partenaires régionaux, notamment celle des Amis de la Forêt de la Seigneurie de Lotbinière qui travaille à sa protection depuis plus d’une dizaine d’années.

Voici donc 5 raisons qui font de la Forêt de la Seigneurie de Lotbinière, un endroit exceptionnel qu’il faut protéger…et qui vous donneront envie de la visiter cet automne!

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C’est le plus grand massif forestier en terre publique des basses-terres du Saint-Laurent

La forêt de la Seigneurie de Lotbinière est une aire forestière continue d’une superficie de 163 km². Cette forêt possède la plus grande concentration de forêts anciennes, peu ou jamais exploitées, en Chaudière-Appalaches et on y retrouve des pruches de plus de 300 ans. En plus des prucheraies anciennes, on y trouve de vieilles érablières à tilleul ainsi que les dernières vieilles frênaies et ormaies connues de la région. On y a aussi aperçu plusieurs épinettes rouges centenaires, chênes et tilleuls au moins bicentenaires et des noyers cendrés. Ces derniers sont d’ailleurs considérés comme en voie de disparition au Canada. Finalement, elle est, avec ses 163 km², la seule forêt de plus de 50 km² de la province naturelle des basses-terres du Saint-Laurent.

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Elle grouille de vie!

On y retrouve la présence d’au moins trois espèces désignées vulnérables au Québec. En effet, elle abrite le Fouille-roche gris (Percina copelandi), une espèce de poissons de fond, la tortue des bois (Glyptemys insculpta) et l’ail des bois (Allium tricoccum). En outre, c’est pas moins de 142 espèces d’oiseaux qui y ont été répertoriées. Une découverte étonnante y a par ailleurs été faite : le Sporophagomyces Chrysostomus, une espèce de champignons encore jamais identifiée au Québec.

Sporophagomyces Chrysostomus, crédit : Benoît Fortin

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C’est une forêt à l’histoire riche

Ce n’est pas que sa biodiversité qui est d’intérêt, son histoire est tout aussi riche. Avant que le gouvernement du Québec exproprie le dernier propriétaire de la forêt, Edmond Joly de Lotbinière en 1967, elle a été la propriété de neuf générations de seigneurs. Ce territoire a d’abord été donné par le roi de France, Louis XIV en 1672. Plus tard, un de ses seigneurs, Henri-Gustave Joly de Lotbinière, quatrième premier ministre du Québec, hérite de la seigneurie. Connu pour son amour des arbres, ce visionnaire jette les premières bases du développement durable des forêts au Québec. Ainsi, la foresterie durable fait partie de l’histoire de la forêt.

Découvrez un projet d’aire protégée dans la Forêt

Nature Québec travaille depuis quelques années avec les citoyen-ne-s et un regroupement de 5 organismes locaux et nationaux à la création d’une aire protégée le long de la rivière du Chêne, sous forme d’une réserve de biodiversité.

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Une forêt aimée de la communauté (qui veut la protéger)

La Forêt de la Seigneurie de Lotbinière est très importante pour la communauté qui réside dans ses environs. Que ce soit par ses attraits récréotouristiques, sa valeur historique et culturelle ou par la possibilité de s’y ressourcer, les gens sont attachés à ce massif forestier qui subsiste dans un territoire largement transformé par l’agriculture. À un tel point qu’ils ont proposé d’y créer une aire protégée. Ainsi, un projet de protection d’un corridor à haute valeur écologique autour de la rivière du Chêne et de ses principaux tributaires a été déposé en août 2021 au gouvernement du Québec.

Porté par les Amis de la Forêt seigneuriale Joly de Lotbinière, le Conseil régional de l’environnement Chaudière-Appalaches (CRECA), l’Organisme de bassins versants de la zone du Chêne (OBV du Chêne), la MRC de Lotbinière ainsi que Nature Québec, ce projet prendrait la forme d’une réserve de biodiversité de 11 km², un statut québécois d’aire protégée. Elle permettrait de conférer une protection légale et permanente aux méandres de la rivière, de même qu’aux forêts anciennes et aux peuplements rares menacés par l’exploitation forestière. La majeure partie d’un habitat de la tortue des bois, le seul répertorié en Chaudière-Appalaches, est incluse dans le projet. Elle permettait toutefois d’y poursuivre le développement d’une offre récréotouristique. En juin 2022, le gouvernement du Québec a annoncé son intention de mettre en réserve le projet d’aire protégée supporté par la communauté.

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Elle fait partie d’un territoire que nous devons mieux protéger

Le sud du Québec, c’est-à-dire le territoire au sud du 49e parallèle, est plus riche en biodiversité que le nord. C’est également là où l’on retrouve le plus de pressions sur les milieux naturels dont la perte s’accélère jour après jour. La région des basses-terres du Saint-Laurent est reconnue pour sa biodiversité particulièrement riche par rapport au reste du Québec. Globalement, la protection du territoire est déficitaire dans le sud et particulièrement dans la région de Chaudière-Appalaches. En effet, seulement 2,7 % de la région est constitué d’aires protégées et est protégé à perpétuité. La forêt de la seigneurie de Lotbinière est identifiée comme fragment forestier d’intérêt pour la conservation dans le sud du Québec dans l’Atlas des territoires d’intérêt pour la conservation dans les basses-terres du Saint-Laurent. Cet atlas présente les sites où les besoins de conservation sont les plus criants. 

Voici tant de raisons qui justifient qu’on poursuive les efforts de conservation de ce joyau. La concrétisation du projet d’aire protégée doit être le premier pas vers une meilleure représentation de la protection de notre biodiversité en protégeant un territoire situé dans la province naturelle des basses terres du Saint-Laurent actuellement sous-représenté dans le pourcentage d’aires protégées. Cela permettrait de pérenniser du même coup un territoire d’intérêt pour la population locale et à le découvrir lors de votre prochaine excursion!

Rédaction

Emmanuelle Vallières-Léveillée, Coordonnatrice Biodiversité et Forêt

Révision

Gabriel Marquis, responsable des communications

Photographies

Loup-William Théberge