Renne de Noël, 5 faits que vous ne saviez pas!

16 décembre 2021
Caribou de la Gaspésie, Crédit : Hugues Deglaire

Mise à jour, 22 février 2022

Au moment où cet article a été rédigé, le plus récent inventaire (2019) estimait que la population des caribous de la Gaspésie se chiffrait entre 40 et 50 individus. Malheureusement, le dernier inventaire réalisé en 2021 indique que celle-ci serait désormais comprise entre 26 et 32 caribous. Demandez leur protection maintenant.

Connaissez-vous bien les rennes de Noël? Voici 5 faits sur le mythique animal du temps des Fêtes qui guide le traîneau du père Noël pour la livraison des cadeaux!

1. Les rennes de Noël sont en fait… des caribous!

Et oui! Communément appelé rennes en Europe, on les désigne sous le nom de caribous en Amérique du Nord. Dans les deux cas, il s’agit de la même espèce connue sous son p’tit nom scientifique Rangifer tarandus.

Crédit : Hugues Deglaire
Crédit : Hugues Deglaire

Au Québec, on en retrouve une seule sous-espèce, le caribou des bois. Afin de distinguer les populations au Québec, les scientifiques utilisent le concept d’écotypes : forestier, montagnard et migrateur. Chaque population est associée à un habitat et des habitudes qui lui sont propres. Par exemple, le caribou montagnard, qu’on retrouve notamment en Gaspésie, fréquente les sommets et montagnes, d’où son nom. Le caribou forestier, pour sa part, habite plutôt la forêt boréale, constituée majoritairement de sapins et d’épinettes noires. Finalement, le caribou migrateur est, vous l’aurez deviné, un grand voyageur de la toundra.

2. Pas de carotte, mais du lichen!

Lichen au Québec
Lichen au Québec

Si vous désirez faire plaisir à un renne, laissez tomber la traditionnelle carotte!

En hiver, le caribou se nourrit principalement de lichen, une symbiose entre un champignon et une algue. Ce dernier pousse très lentement sur le sol, sous la neige ou sur les troncs et branches d’arbres, ce qui explique qu’on le retrouve surtout dans des forêts matures de plus de 90 ans.

Bien que le nez rouge de Rudolphe scintille la nuit chaque année dans le ciel, il devient graduellement plus difficile pour lui de se nourrir. Les compagnies forestières coupent de plus en plus les forêts anciennes, privant les caribous de leur source première de nourriture. Imaginez devoir attendre 90 ans avant de pouvoir manger votre tourtière et votre dinde aux atocas!

3. Les rennes du père Noël sont en fait… des femelles!

caribous femelles
Crédit : Hugues Deglaire

Les rennes du père Noël sont des femelles et la raison en est toute simple. Il faut d’abord savoir que tous les caribous portent des bois, mâles et femelles: aucune discrimination ici! Une fois la période du rut passée à l’automne, les mâles adultes perdent leur bois pour l’hiver. Ils vont ensuite recommencer à pousser au printemps. Les femelles, quant à elles, gardent leurs bois beaucoup plus longtemps, parfois tout l’hiver. Elles vont plutôt les perdre au début du printemps, lors de la naissance des petits. 

Maintenant qu’on en sait un peu plus sur leur biologie, on peut donc conclure qu’il est très probable que les rennes du père Noël soient une équipe de 9 femelles! Les scientifiques ont toutefois émis une autre hypothèse : le traîneau pourrait être tiré par 9 mâles castrés qui ne perdraient pas leurs bois en hiver. Puisqu’aucune théorie n’a pu être validée par nos scientifiques auprès du père Noël, on vous laisse le soin de choisir celle qui vous plaît le plus.

4. Les rennes ne volent pas

photo de caribous de la Gaspésie
photo de caribous de la Gaspésie par Hugues Deglaire

Dès le début, on peut vous certifier que les caribous au Québec sont incapables de voler… et ce, peu importe le moment de l’année! En fait, les caribous des écotypes montagnards et forestiers ne migrent pas du tout. Ils sont considérés comme des espèces sédentaires. Cela s’explique par leur mode de vie, mais est renforcé par leur situation précaire qui s’est dégradée avec les années : certains sont confinés à un territoire restreint et d’autres, comme le caribou de Val-d’Or, à un enclos avec des mangeoires. Vous ne serez donc pas surpris d’apprendre que les caribous forestiers et montagnards sont désignés comme espèce en voie de disparition par le gouvernement…

Le caribou de l’écotype migrateur, pour sa part, va faire des déplacements chaque saison. On parle ici d’une migration de plusieurs centaines de kilomètres entre la forêt boréale du Québec et la toundra. Les troupeaux comptent plusieurs milliers de caribous pouvant occuper des territoires au nord du 53e parallèle, mais également jusqu’au 51e parallèle durant l’hiver!1 Pour ce qui est des rennes qui pourraient déplacer le traîneau à 10000 km/h pour faire la livraison des cadeaux, notre équipe continue de faire des recherches. Merci de nous contacter si vous possédez une quelconque preuve scientifique permettant de démontrer le tout.

5. Les rennes au Québec ont besoin de vous

Qu’on les surnomme renne de Noël ou caribou, ils ont besoin de vous. Loin des contes de fées, des décorations et lumières multicolores qu’on retrouve au magasin, la survie du caribou est menacée. Il connaît actuellement le pire déclin qu’il n’a jamais connu.

Le caribou montagnard de la Gaspésie a connu un déclin de 70 % ces 10 dernières années. Selon les derniers inventaires, les scientifiques estiment que cette population ne compte maintenant que 32 à 36 individus. Pour les populations isolées de caribou forestier, on trouve 17 à 20 individus à Charlevoix qui seront bientôt dans des enclos, et 7 dans l’enclos de Val-d’Or. Ces trois populations sont sur la liste des espèces menacées. Et oui, beaucoup plus triste et alarmant que d’être sur la liste des vilains à Noël… Pour ce qui est du caribou de l’écotype migrateur, la situation n’est pas plus rose. Même si aucun statut ne lui a été accordé par le gouvernement, il a connu un déclin de plus de 80% ces 25 dernières années (dont 99% pour le troupeau de la rivière George).2

Loin d’être un conte de Noël, la réalité du caribou au Québec demande une intervention. Devant l’inaction du gouvernement face aux inventaires de plus en plus catastrophiques, Nature Québec mène notamment la campagne «Caribou je t’aime» dans le but de sensibiliser la population à la protection et au rétablissement des derniers caribous de la Gaspésie. Cette campagne demande au gouvernement des mesures de protection immédiates et fondées sur la science.

VOUS VOULEZ EN SAVOIR PLUS ?

Consultez notre foire aux questions sur les caribous de la Gaspésie

Et voilà ce qui conclut 5 faits sur les rennes de Noël! Lequel vous a le plus surpris? Étiez-vous déjà au courant de la situation du caribou au Québec?

Durant cette période du temps des Fêtes, protégez les espèces menacées comme le caribou en soutenant Nature Québec. Faites un don ou offrez-le en cadeau avec une carte virtuelle. Afin que nous gardions vivant un animal emblématique et que les enfants puissent encore rêver le soir de Noël d’un traîneau magique tiré par des rennes du Québec…

Aidez les caribous!

Signez la déclaration d’amour et de protection du caribou de la Gaspésie. Appuyez notre campagne «Caribou je t’aime» et demandez une stratégie ambitieuse pour leur protection.

Crédits

Rédaction : Catherine Bégin

Révision :  Marianne Caouette, Alice-Anne Simard et Gabriel Marquis

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