Foire aux questions

Notre énergie à la bonne place

Les énergies fossiles

Qu’est-ce que les énergies fossiles ?

Énergies fossiles ou encore hydrocarbures… ces mots désignent tous les combustibles fossiles tels que le pétrole, le gaz ou le charbon. Lorsqu’on les brûle, ils relâchent de l’énergie que l’on peut utiliser. Pour récupérer ces combustibles fossiles, différentes techniques existent. Pour le charbon, on creuse des mines. Pour le pétrole et le gaz, il y a une méthode simple, dite conventionnelle. Elle consiste à forer un puits pour atteindre le réservoir de pétrole ou de gaz souterrain, où la pression naturelle les fait remonter vers la surface. Mais il y a aussi des méthodes plus complexes, dites non conventionnelles ou extrêmes. Par exemple, la fracturation hydraulique consiste à injecter un mélange d’eau, de sable et de produits chimiques sous haute pression pour fissurer les formations rocheuses et libérer le pétrole ou le gaz. Une autre technique est l’extraction des sables bitumineux, où le bitume est séparé des sables à l’aide de chaleur ou de solvants, avant d’être traité pour produire du pétrole. Outre les multiples impacts environnementaux de ces techniques, elles demandent aussi beaucoup d’énergie pour être capables d’extraire le pétrole et le gaz.

À quoi servent les énergies fossiles ?

Les énergies fossiles ont de multiples usages. Elles peuvent servir à : 

  • produire de l’électricité : on les brûle pour chauffer de l’eau, produire de la vapeur et faire tourner les turbines génératrices d’électricité ;
  • alimenter nos véhicules ;
  • chauffer les bâtiments ;
  • fournir de l’énergie pour le secteur industriel : production d’acier, ciment ;
  • fabriquer différentes sortes de produits : objets en plastique, textiles synthétiques, produits pharmaceutiques, pesticides, engrais et cosmétiques.

Comment réduire collectivement notre consommation énergétique ?

  1. En diminuant les pertes énergétiques des bâtiments avec une meilleure isolation et en utilisant des systèmes de chauffage et de climatisation plus efficaces comme les thermopompes ;
  2. En revoyant notre aménagement du territoire pour se déplacer moins et mieux grâce au transport actif et collectif
  3. En favorisant l’achat local et en réduisant nos besoins en pétrole en limitant l’utilisation d’objets en plastique

La bonne nouvelle, c’est que toutes ces solutions vont permettre d’opérer la transition énergétique tout en abaissant la facture d’électricité et d’énergie des ménages.

Quels types d’énergies fossiles retrouve-t-on au Canada et où sont-elles exploitées ?

On retrouve sur le territoire canadien du pétrole, du gaz fossile et du charbon.

  • Le Canada est le quatrième plus grand producteur de pétrole au monde, surtout grâce aux sables bitumineux situés principalement en Alberta, dans la région de l’Athabasca. D’autres gisements sont présents en Saskatchewan, en Colombie-Britannique et au large de Terre-Neuve-et-Labrador.
  • Le Canada se classe au cinquième rang des pays producteurs mondiaux de gaz fossile. Il est principalement extrait en Alberta et en Colombie-Britannique et dans une moindre mesure en Saskatchewan, en Ontario, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Nouveau-Brunswick. Le Canada dispose de vastes réserves de gaz fossile dans des formations souterraines telles que les gisements de la formation de Montney et de Horn River.
  • Le charbon est encore exploité, bien que dans une moindre mesure, dans des provinces comme l’Alberta, la Colombie-Britannique et la Nouvelle-Écosse. Le charbon canadien est principalement destiné à la production d’électricité et à l’exportation, notamment vers l’Asie.

Quelle quantité de pétrole et de gaz est produite par le Canada ?

Le Canada a produit 5,1 millions de barils de pétrole brut par jour en 2023 et continue d’augmenter sa production. Depuis 2013, la production de pétrole a augmenté de 41 %. Quant au gaz fossile, en 2023, le pays produisait 17,9 milliards de pieds cubes par jour, une hausse de 3,6 % par rapport à 2022.

Le Canada est-il autosuffisant en pétrole et en gaz ou en importe-t-il ?

Le Canada consomme un peu plus de 2,3 millions de barils de pétrole par jour et en moyenne 11,9 milliards de pieds cubes par jour de gaz fossile donc quand on regarde la quantité de pétrole et de gaz qu’on produit comparée à celle qu’on consomme, on pourrait se dire que oui, on est autosuffisant. Mais ce n’est pas la réalité. 

Même si le pays produit plus que ce qu’il consomme, le Canada importe tout de même du pétrole et du gaz pour plusieurs raisons. Prenons l’exemple du pétrole : 

  • Les provinces de l’Est ont plus difficilement accès au pétrole de l’Ouest par manque d’infrastructure de transport.
  • Les raffineries de l’Ontario, du Québec et des provinces de l’Atlantique ne sont pas équipées pour raffiner le pétrole lourd des sables bitumineux qui demande des traitements plus intensifs pour améliorer sa qualité. Elles préfèrent acheter du pétrole léger, plus facile à raffiner, moins polluant et surtout de meilleure qualité.

Le pétrole et le gaz du Canada sont-ils éthiques ?

Du pétrole et du gaz « éthique », ça n’existe pas ! L’exploitation du pétrole et du gaz a des impacts néfastes sur l’environnement et sur les droits humains pour les communautés qui vivent à proximité des sites d’exploitation. C’est notamment le cas de l’exploitation des sables bitumineux qui a des répercussions significatives sur les communautés autochtones, touchant leur environnement, leur santé, leur économie et leur culture.

Leurs impacts

Quel pourcentage des émissions GES du Canada est attribuable à l’industrie fossile ?

L’utilisation des énergies fossiles produit énormément de gaz à effet de serre. Au Canada, le secteur pétrolier et gazier est d’ailleurs le plus polluant : il représente 31 % des émissions de GES du pays en 2023. À elles seules, 6 entreprises fossiles représentent environ 10 % des émissions totales de GES du pays. Et l’industrie continue d’augmenter ses émissions… Entre 1990 et 2023, les émissions du secteur de l’exploitation pétrolière et gazière ont augmenté de 77 % (91 Mt d’éq. CO2).

Quels sont les impacts des énergies fossiles sur l’environnement, le climat et la biodiversité ?

Sur le plan environnemental, l’exploitation des énergies fossiles a de très nombreux impacts. La production et l’utilisation de ces énergies sont les principales responsables des dérèglements climatiques. En libérant du dioxyde de carbone (CO₂) et d’autres gaz à effet de serre lorsqu’elles sont brûlées, elles accentuent la crise climatique. Ces gaz piègent la chaleur dans l’atmosphère, perturbant les équilibres climatiques et provoquant des phénomènes extrêmes comme les canicules, sécheresses et tempêtes.

On sait que l’industrie pétrolière et gazière entraîne une pollution de l’eau et de l’air par des substances toxiques affectant la santé et les sources d’eau potable des communautés locales et notamment des communautés autochtones dans le cas du Canada. Elle entraîne également la destruction d’habitats naturels, des marais et de la forêt boréale, impactant la faune et la flore.

Le carbone est-il bon pour l’environnement et les plantes ?

Le carbone (CO₂) est effectivement essentiel à la croissance des plantes. Elles l’absorbent lors de la photosynthèse pour produire de l’énergie. Mais trop de CO₂ dans l’atmosphère agit comme un gaz à effet de serre, piégeant la chaleur et provoquant un réchauffement climatique rapide que les écosystèmes, y compris les plantes, ne peuvent pas toujours supporter. En résumé : un peu de CO₂ = vital pour les plantes, trop de CO₂ = dangereux pour le climat et la vie sur Terre.

Est-ce vrai qu’il y a déjà eu plus de carbone dans l’atmosphère qu’aujourd’hui ?

Il est vrai que la Terre a déjà connu des niveaux de CO₂ atmosphérique plus élevés qu’aujourd’hui, notamment il y a 50 à 100 millions d’années, à des époques où les températures mondiales étaient plus chaudes, les calottes glaciaires absentes et le niveau des océans beaucoup plus élevé. Toutefois, ce qui inquiète aujourd’hui, ce n’est pas seulement la quantité de CO₂, mais surtout la vitesse à laquelle elle augmente : en quelques décennies, les concentrations ont grimpé à un rythme jamais vu dans l’histoire récente de la planète. Contrairement aux périodes passées, nos sociétés humaines, nos écosystèmes et nos infrastructures ne sont pas préparés à un changement climatique aussi rapide et intense.

Donc oui, il y a déjà eu plus de CO₂ dans l’atmosphère, mais jamais avec un tel rythme d’augmentation ni dans un monde avec plus de 8 milliards d’humain-e-s dépendant-e-s d’un climat stable.

Les pétrolières et gazières peuvent-elles être carboneutres ?

Encore jusqu’à récemment, les compagnies d’énergies fossiles nous faisaient miroiter qu’elles atteindraient la carboneutralité en 2050, notamment grâce aux technologies de captation et de séquestration du carbone. Selon elles, elles n’auraient pas besoin d’arrêter ou de diminuer leur production car les technologies auraient fait le travail. Ce qu’elles ne disent pas, c’est que 80 % des émissions du secteur se font à la combustion, c’est-à-dire quand le pétrole et le gaz sont brûlés (par exemple, par les voitures). Et on ne produit pas du pétrole ou du gaz pour les garder dans des entrepôts mais bien pour les vendre et pour qu’elles soient utilisées, donc brûlées. Ne soyons pas dupes : augmenter la production veut forcément dire augmenter la combustion et donc les émissions en aval qui elles, ne seront ni captées, ni séquestrées. Dans le contexte géopolitique actuel, les compagnies pétrolières et gazières sont de plus en plus nombreuses à faire tomber leur masque et à abandonner leurs plans vers la carboneutralité.

Le gaz et le GNL sont-ils des énergies de transition ?

Le gaz fossile n’est pas une énergie de transition ni une énergie propre car il s’agit de méthane, un GES très puissant dont l’impact sur le réchauffement climatique est 80 fois plus élevé que celui du CO₂ sur 20 ans. De plus, si le gaz fossile émet de 25 % à 32 % moins de GES à la combustion, sur l’ensemble de son cycle de vie, il peut être aussi dommageable, voir plus que le charbon à cause des fuites invisibles qui surviennent à toutes les étapes de l’extraction, du transport et de la distribution. 

Aussi, le gaz fossile n’est pas une énergie propre car au Canada, il est en grande majorité issu de la fracturation hydraulique, une technique dont les impacts ont été largement documentés entre autres sur la contamination de l’eau, la survenance de tremblements de terre, la santé des populations, le développement anormal des fœtus et la violation des droits humains. Ces fléaux frappent durement les populations qui vivent à proximité des sites de forage, notamment des communautés autochtones, en plus de détruire des milieux naturels importants.

Pourquoi les compagnies disent-elles qu’elles font partie de la solution pour le climat ?

L’industrie met de l’avant ses contributions soi-disant positives dans la lutte contre les changements climatiques. Pour elle, la transition énergétique nécessite de l’expertise et des technologies que les gazières et pétrolières possèdent ou peuvent continuer à développer, mais à condition qu’elles obtiennent du financement de la part des gouvernements. Cet argument leur permet également d’être aux tables de discussions et au cœur des décisions politiques. 

Ce qui est ironique, c’est qu’avec son lobbyisme intensif, l’industrie fossile mène une charge systématique contre toutes les politiques climatiques du gouvernement canadien et s’assure d’obtenir de l’argent public pour le développement de ses activités ainsi que toute une série de passe-droits. Limiter leur capacité d’influence doit devenir une priorité, par exemple en révisant certaines lois comme celle sur le lobbyisme. 

Quels sont les impacts de l’industrie fossile sur les populations autochtones ?

On peut notamment citer la pollution de l’eau et de l’air, ainsi que la destruction des habitats naturels comme la forêt boréale, qui perturbent la biodiversité locale et les ressources essentielles dont les communautés ont besoin pour leurs activités traditionnelles comme la chasse ou la pêche. On pense aussi aux problèmes de santé liés aux toxines et aux conflits sociaux sur les droits territoriaux qui aggravent les tensions. Économiquement, bien que des emplois soient créés, ils entraînent des inégalités et une dépendance économique à une industrie qui a des impacts négatifs sur leurs droits. Cela peut créer ou amplifier une forme de dissonance cognitive. Enfin, culturellement, la perte de terres et l’aliénation érodent les pratiques traditionnelles et l’identité autochtone.

L’économie et les lobbys de l’industrie fossile

Pourquoi le lobby des énergies fossiles réclame-t-il des oléoducs et des gazoducs ?

Le lobby des énergies fossiles réclame des pipelines afin de pouvoir augmenter la production de pétrole et de gaz et de pouvoir gagner de nouveaux marchés internationaux dans le contexte de la guerre tarifaire avec les États-Unis. Dans les faits, ils se servent de ce contexte pour pousser les gouvernements à abaisser les règles environnementales et à financer avec notre argent public une partie de ces infrastructures. En gros, ils veulent reproduire le modèle de l’oléoduc Transmountain mais ce qu’ils ne disent pas, c’est que ce dernier n’est même pas encore exploité à sa pleine capacité.

Et dans les faits, si nous voulons lutter contre la crise climatique, il faut cesser d’exploiter les énergies fossiles. Selon l’Agence internationale de l’énergie, la demande mondiale en pétrole devrait atteindre son apogée dans les quatre prochaines années puis décliner rapidement par la suite. Les oléoducs et les gazoducs ne sont pas des projets d’avenir. Nous n’avons rien à gagner de nouveaux projets d’oléoducs.

Augmenter la production de pétrole et de gaz et construire de nouveaux oléoducs sont-elles des réponses face à la guerre tarifaire avec les États-Unis ?

Augmenter la production d’énergies fossiles et construire de nouveaux pipelines prend du temps, plus que les trois années qui restent au mandat de Donald Trump. Cela ne constitue donc pas du tout la réponse nécessaire à court terme dont nous avons besoin pour faire face à la guerre tarifaire avec les États-Unis. Trump ne sera pas toujours au pouvoir. Par contre, les impacts des changements climatiques, eux, se font cruellement ressentir aujourd’hui, chez nous. Il y a juste à voir les épisodes de feux de forêt qui se multiplient, les graves inondations que nous avons connues dans les dernières années et qui vont aussi devenir plus fréquentes. La vraie solution, à la fois pour construire une économie plus résiliente face aux multiples crises environnementales et du coût de la vie, c’est d’opérer notre transition écologique et sociale. Par exemple, on peut tout à fait faire face à la crise du logement, en construisant des logements abordables ET écoénergétiques pour que votre facture d’électricité diminue et qu’en même temps, on ne consomme plus de gaz pour chauffer nos bâtiments. 

L’Europe et l’Asie veulent-elles acheter plus de pétrole et de gaz canadien ?

En réaction à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Union européenne a réduit sa demande en gaz fossile de 18 % entre 2022 et 2024 grâce au déploiement des énergies renouvelables et à des mesures d’efficacité énergétique. De plus, cela devrait continuer à diminuer. L’Agence de coopération des régulateurs de l’énergie de l’Union européenne (ACER) prévoit une baisse de la demande de GNL (gaz naturel liquéfié) de 26 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2024. Quant à l’Asie, elle a accès à des pays fournisseurs beaucoup plus proches d’elle comme le Qatar et à des prix beaucoup plus compétitifs que du GNL qui proviendrait de l’Est du Canada. 

Concernant le pétrole, l’Agence internationale de l’énergie (AIE), dans un rapport publié en 2024 sur les marchés pétroliers mondiaux, indique que la demande devrait atteindre un pic d’ici 2030 et diminuer fortement par la suite. Décider de continuer à hausser la production de pétrole et de gaz au moment où les marchés vont décliner n’est donc pas une bonne idée. 

Pourquoi le gouvernement subventionne-t-il l’industrie pétrolière et gazière ?

Malgré toutes les discussions sur de nouveaux projets fossiles qui traverseraient le Québec, ni promoteur-trice ni investisseur-euse ne semblent s’engager dans de tels projets au privé depuis l’annulation du projet GNL Québec et Énergie-Est. Les modèles de l’oléoduc Trans Mountain en Colombie-Britannique et des infrastructures gazières construites dans les dernières années au Canada montrent le rôle existentiel d’un financement de l’État dans tout futur projet d’infrastructure d’exportation d’hydrocarbures. Ce soutien financier public s’explique en grande partie par les risques que courent ces projets dans un contexte d’augmentation de l’offre sur les marchés mondiaux alors qu’une baisse de la demande est anticipée. Dans ce contexte, on peut prédire que plus le temps avance, plus il sera nécessaire aux infrastructures fossiles d’obtenir des soutiens financiers et des concessions de la part de l’État. Cette prédiction va de pair avec la croissance des subventions étatiques aux fossiles à travers le monde observée par le FMI dans les dernières années : les subventions étatiques mondiales à l’industrie fossile sont passées de 4,7 trilliards de dollars en 2015 à 7 trilliards de dollars en 2022. Dès lors, la question à se poser est de savoir si nous voulons réellement que l’argent de nos impôts continue à financer la crise climatique ou si on préfère qu’il aille à des solutions permettant à la fois de répondre à la crise du coût de la vie ET aux enjeux environnementaux.  

Les projets d’oléoducs seraient-ils bénéfiques à l’économie du Québec ?

Ces projets étant dédiés à l’exportation des énergies fossiles canadiennes, le Québec ne serait qu’une zone de transit pour le pétrole ou une zone de transit et de transformation dans le cas d’une usine de liquéfaction de gaz fossile. Les retombées économiques se calculeraient donc presque exclusivement en phase de construction grâce aux emplois créés. À l’époque où on étudiait le projet d’oléoduc Énergie-Est, on estimait à 33 le nombre d’emplois actifs chaque année pendant la phase d’exploitation, quant à GNL Québec, c’est 250 à 300 emplois qui étaient prévus pour l’usine de liquéfaction. 

En somme, les retombées positives de ces projets sont presque exclusivement situées lors de leur phase de construction. En conséquence, ces projets ne sont pas économiquement structurants pour le Québec et n’ont aucun bénéfice à long terme sur la province. Les retombées économiques seraient beaucoup plus intéressantes dans des industries présentes à long terme au Québec dans lesquelles le développement d’expertise, l’investissement financier et les ressources dédiées en emplois apporteraient des bénéfices à long terme à la province. 

L’énergie au Québec

Le Québec est-il autosuffisant en énergie ?

Au Québec, nous avons la chance d’avoir un approvisionnement en énergie issu à 49 % d’énergies renouvelables locales (hydroélectricité, éoliennes, biomasse), ce qui est beaucoup plus que la plupart des pays. Le reste provient à 51 % d’hydrocarbures majoritairement importés de l’Ouest canadien.

La situation énergétique du Québec est enviable grâce aux choix collectifs que nous avons faits au moment de la nationalisation d’Hydro-Québec. Non seulement notre mix énergétique est déjà à moitié composé d’énergies renouvelables, mais en plus, nous en contrôlons la majorité de la production. Nous avons tous les atouts pour continuer sur cette voie et transitionner hors des énergies fossiles. C’est le seul chemin vers l’autonomie énergétique.  

D’où le Québec importe-t-il son pétrole et son gaz ?

Depuis 2019, le Québec s’approvisionne exclusivement en pétrole canadien et américain. Les derniers chiffres datant de 2023 montrent qu’on importait 64 % de notre pétrole de l’Ouest canadien — principalement de l’Alberta — par la ligne 9b d’Enbridge et pour 36 % de pétrole des États-Unis. 

Le gaz fossile qui est consommé au Québec provient lui aussi de l’Ouest canadien et des États-Unis. L’approvisionnement d’Énergir s’effectue principalement aux carrefours de Dawn/Parkway en Ontario (84,9 %) et d’Empress dans l’Ouest canadien (12,2 %). 

Pourquoi le Québec a-t-il interdit la recherche et l’exploitation des hydrocarbures ?

Le Québec a interdit en 2021 l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures dans la province après près de 20 ans de mobilisation intensive contre le pétrole et les gaz de schiste, contre le projet d’oléoduc Énergie-Est ou encore le gazoduc et l’usine de liquéfaction de gaz GNL-Québec. En posant ce geste, le gouvernement a reconnu qu’il n’y avait aucune acceptabilité sociale dans la province pour cette industrie. Dans le contexte où le monde se dirige vers une baisse de la consommation des énergies fossiles, nous avons davantage intérêt à mettre notre énergie au service de la transition vers les énergies renouvelables.

Le Québec a-t-il de grandes réserves de gaz et de pétrole commercialement exploitables ?

Le Québec possède des gisements de pétrole et de gaz dans des formations géologiques de type roche mère. Cependant, il faut distinguer la ressource de la part récupérable pour des visées commerciales. Comme ces gisements sont de type non conventionnel, la seule technique pour y avoir accès est la fracturation hydraulique. Avec cette technique, le taux de récupération est très bas, tournant autour de 4 ou 5 % selon le degré de « stimulation » de la roche. À l’époque où on envisageait de lancer l’exploitation du pétrole de schiste en Gaspésie, il avait été démontré qu’au final, le pétrole qu’on aurait pu récupérer correspondait à 42 jours de consommation du Québec ! 

Ces quantités n’auraient jamais permis au Québec d’être autonome pour sa consommation de pétrole et de gaz. Cela aurait donc été beaucoup de saccages pour au final très peu d’avantages.

Pourquoi encore vouloir réduire les énergies fossiles alors qu’on est déjà plus avancé qu’ailleurs ?

Plus des deux tiers des GES émis au Québec proviennent encore des activités liées à la production, au transport et à la consommation d’énergie (pétrole, gaz naturel et charbon). De plus, les conséquences de cette industrie sur le climat, la biodiversité, la santé, les milieux naturels sont énormes. Oui, la réduction de la consommation et la transition des énergies fossiles vers les énergies renouvelables doivent s’opérer au niveau international, mais si nous en avons les moyens, nous devrions être fier-ères d’avancer plus vite que les autres sur ce dossier. Préserver notre santé et notre environnement devrait être un argument assez fort pour justifier de miser sur l’avenir.

Au Québec, quelles seraient les conséquences de projets d’oléoducs ?

Réouvrir la porte aux projets d’oléoducs au Québec, c’est risquer de construire des infrastructures qui seront néfastes dès aujourd’hui et désuètes dans moins de 25 ans. De plus, pensés à très court terme avec des rentabilités vraiment pas assurées, ces projets ne seraient pas sur pied avant 5 à 10 ans.

Rappelons-le : en 2023, 194 pays se sont engagés lors de la COP28 à « transitionner hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques, d’une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l’action dans cette décennie cruciale, afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050 conformément aux préconisations scientifiques ».

GNL et Énergie-Est ont été rejetés car ces projets avaient de graves conséquences sur les bélugas, sur la santé des populations alentour, sur l’appropriation de territoires des Premières nations. Ces projets n’avaient aucune acceptabilité sociale et n’en ont toujours pas.

De grosses installations, la destruction de milieux naturels et une polarisation encore plus marquée seraient les réelles conséquences de ces projets d’oléoduc. Si le Québec voulait renforcer un quelconque statut de « puissance énergétique », il devrait mieux miser sur celles qui ne s’épuisent pas, qu’il contrôle et se tourner dès maintenant vers le développement de projets d’avenir : continuer à miser sur l’hydroélectricité, l’éolien et le solaire tout en travaillant à réduire de manière générale sa consommation d’énergie. 

Les projets d’énergie fossiles au Canada paient-ils nos programmes sociaux (péréquation) ?

L’industrie fossile joue effectivement un rôle dans la péréquation puisqu’elle accroît la capacité fiscale par habitant moyenne au Canada. Le Québec est bénéficiaire de cette situation puisque sa capacité fiscale par habitant est en dessous de la moyenne nationale. Cependant, il faut prendre en compte les coûts de l’inaction climatique et son incidence sur l’économie canadienne et québécoise. Ainsi, L’Institut Climatique canadien estime que le PIB canadien a été réduit de 25 milliards en 2025 à cause des changements climatiques. En 2050, c’est une perte de PIB canadien de 78 à 101 milliards qui est projetée. Si le Québec semble bénéficiaire de l’industrie via la péréquation, les coûts des changements climatiques et de ses impacts sur le territoire et la santé dépassent largement les « revenus » associés à l’industrie fossile via la péréquation. Cela nous entraîne déjà dans une situation déficitaire au niveau financier.

Transitionner hors des énergies fossiles

Peut-on se passer des énergies fossiles ?

À l’heure actuelle, un peu plus de la moitié de l’énergie consommée au Québec provient toujours des combustibles fossiles, mais beaucoup de ces usages peuvent être électrifiés. Toutefois, un simple transfert vers l’électrification en développant les énergies renouvelables ne suffit pas. Nous devons non seulement transitionner hors des énergies fossiles, mais aussi et surtout réduire notre consommation énergétique pour limiter le plus possible les impacts sur le territoire et la biodiversité. L’Agence internationale de l’énergie estime que la demande mondiale de pétrole atteindra son pic d’ici 2030 puis déclinera rapidement. Le monde se dirige vers une baisse de la consommation des énergies fossiles.

Avons-nous besoin de plus d’énergies fossiles au Québec ?

La science est claire, si nous voulons lutter contre les changements climatiques, il faut arrêter de consommer des énergies fossiles car ce sont les émissions de GES dues à leur utilisation qui sont les grandes responsables du dérèglement du climat. Si nous sommes sérieux dans notre volonté de lutter contre la crise climatique, nous avons donc besoin de réduire notre consommation d’énergie fossile ici comme ailleurs.

Quelles sont les alternatives aux énergies fossiles ?

Il existe un panel d’alternatives aux énergies fossiles. Depuis plusieurs dizaines d’années, les gouvernements mettent en place des solutions comme l’hydroélectricité, les parcs éoliens, solaires, la géothermie ou encore la bioénergie. Mais au-delà du développement des énergies renouvelables, nous devons avant tout consommer moins et mieux l’énergie. 

Ça veut dire quoi « mettre notre énergie à la bonne place » ?

Notre énergie doit être mise à :

  1.  S’opposer aux nouveaux projets polluants et à l’augmentation de la production d’énergies fossiles. 
  2. Planifier une réduction de notre consommation énergétique, par exemple :
    • en révisant le code du bâtiment pour mieux isoler nos bâtiments et en soutenant l’installation de systèmes de chauffage plus efficaces comme les thermopompes. Cela permettra également de réduire la facture énergétique des ménages. 
    • En réglementant le secteur industriel pour qu’il opère un chantier d’efficacité énergétique de ces différents procédés, associé à des plans de décarbonation tout en l’accompagnant par des programmes de subventions associés à des objectifs de résultats.
  3. Revoir notre aménagement du territoire pour favoriser le transport actif et collectif plutôt que l’autosolo.
  4. Favoriser l’achat local, la réparation des appareils électroniques et électroménagers et diminuer notre consommation d’objets en plastique. Cela diminuera l’empreinte carbone de nos objets du quotidien tout en stimulant notre économie.

Quelles sont les solutions pour sortir progressivement des énergies fossiles et opérer une transition énergétique au Canada et au Québec ?

Pour sortir progressivement des énergies fossiles, nous avons besoin d’une stratégie globale, multisectorielle et coordonnée entre les différents niveaux de gouvernements. Le Canada et les provinces comme le Québec doivent miser sur une transition énergétique structurée autour de la réduction de la consommation d’énergie, de l’efficacité énergétique et du développement des énergies renouvelables. Cela implique de renforcer le réseau des infrastructures comme l’hydroélectricité, l’éolien et le solaire, tout en électrifiant les transports, les bâtiments et certains procédés industriels. Le développement de technologies comme le stockage d’énergie est aussi crucial. Enfin, des politiques publiques fortes sont nécessaires comme l’élimination des subventions aux énergies fossiles, le renforcement de la tarification du carbone pour les industries, le plafonnement et la réduction des émissions du secteur fossile canadien ainsi que la réglementation des émissions spécifiques du méthane.  

La transition devra aussi être juste et inclusive, avec un accompagnement des travailleurs et travailleuses du secteur pétrolier et gazier, et un soutien aux communautés autochtones et aux régions dépendantes des énergies fossiles. L’investissement dans la formation, la recherche et les technologies renouvelables permettra non seulement de réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi de positionner le Canada comme un leader mondial dans les solutions énergétiques durables.

Aussi, la transition énergétique ne doit laisser personne derrière. Elle doit être juste socialement pour que les coûts qui y sont associés n’aggravent pas les inégalités sociales. Pour cela, des mécanismes de compensation peuvent être mis en œuvre comme des aides ciblées, des subventions aux ménages modestes, un accès équitable au transport collectif ou aux logements performants. Enfin, une transition juste doit être participative : les citoyen-ne-s, les syndicats, les entreprises et les communautés locales doivent pouvoir participer aux décisions et à la planification. L’équité sociale doit être au cœur des politiques climatiques, pas une considération secondaire.

Y a-t-il des exemples de pays ou de villes qui ont transitionné hors des énergies fossiles efficacement ?

Voici deux exemples qui peuvent nous inspirer :

  1. Le Royaume-Uni a réussi à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de plus de 45 % depuis 1990 grâce à une combinaison de politiques climatiques ambitieuses, de réformes énergétiques et d’outils économiques efficaces. L’élément central de cette réussite a été la décarbonisation rapide de la production d’électricité, notamment par l’abandon du charbon soutenu par un prix plancher du carbone. La loi sur le climat (Climate Change Act) impose aussi des objectifs contraignants, suivis par une autorité indépendante, et le pays vise la neutralité carbone d’ici 2050.
  2. Le Costa Rica est un exemple notable de transition énergétique réussie, ayant fait des choix politiques audacieux pour réduire sa dépendance aux énergies fossiles. Le pays génère plus de 98 % de son électricité à partir de sources renouvelables, principalement l’hydroélectricité, mais aussi la géothermie, l’éolien et la biomasse. Cette transition a été soutenue par un moratoire national sur l’exploitation pétrolière jusqu’en 2050, son inscription dans la loi en 2019, et un Plan national de décarbonisation visant la neutralité carbone d’ici 2050.

Comment les citoyen-ne-s peuvent-ils aider cette campagne ?

Pour vous impliquer à nos côtés, vous pouvez écrire à M. Carney, Premier ministre du Canada, pour lui rappeler de mettre notre énergie à la bonne place. Vous pouvez aussi soutenir la campagne en faisant un don à Nature Québec.