Différences entre caribou, orignal, cerf, wapiti

25 février 2022
Wapiti. Banff, Canada

Cerf, orignal, caribou, wapiti : quelle est la différence? Cette question, on nous la pose SOUVENT!  Pour vous éviter les confusions, et vous permettre de jouer au-à la savant-e avec vos proches, voici quelques trucs pour différencier ces cervidés que l’on retrouve au Québec et au Canada!

Les similitudes

Orignal

Commençons tout d’abord par les similitudes qui existent entre le cerf, l’orignal, le caribou et le wapiti. Premièrement, ces quatre grands cervidés sont tous des animaux qui peuplent les forêts canadiennes. Tous sont désignés comme des mammifères ongulés ruminants puisqu’ils possèdent des sabots. Finalement, les quatre cervidés possèdent un pelage dans les teintes de bruns et les mâles portent des bois sur la tête (petite exception pour le caribou, mais on y reviendra). 

Ces similitudes peuvent expliquer pourquoi un-e observateur-trice non averti-e peut se tromper. Malgré la confusion lorsque vient le temps de les identifier, il existe plusieurs différences en lien avec l’apparence ou l’habitat de chaque cervidé. Ces quelques différences vont vous permettre de vous y retrouver facilement. Voici quelques critères qui permettent de différencier cerf, orignal, caribou et wapiti. Besoin d’un résumé rapide? Notre équipe a réuni toutes les informations sous un tableau récapitulatif. Vous pouvez le trouver au bas de l’article.

Veuillez prendre note que cet article a été rédigé dans un but de vulgarisation. Il ne remplace en aucun cas le travail d’un biologiste et présente plutôt des informations générales sous la forme d’un résumé simplifié.  Pour une information plus précise, n’hésitez pas à écrire à info@naturequebec.org. Nous soumettrons votre question à nos biologistes!

Différence 1 : la taille

Cerf de Virginie, crédit: Simon Dutil Paquette

La taille est probablement l’indicateur qui permet d’identifier adéquatement et rapidement à quel cervidé nous avons affaire : est-ce un cerf, un orignal, un caribou ou un wapiti ? Amateur-trice de chiffres? Consultez le tableau récapitulatif au bas de cette page.

L’orignal est le plus grand cervidé au Canada. Les mâles peuvent peser jusqu’à 600 kg et ont une hauteur à l’épaule de 192 cm. Tout de suite après lui se trouve le wapiti. Avec un poids de 350 kg et une hauteur à l’épaule de 150 cm, il est près de deux fois moins lourd que l’orignal, mais demeure costaud!

Légèrement plus petit, le caribou occupe le troisième rang. Également connu sous le nom de renne en Europe, il pèse 200 kg et ses 140 cm de hauteur. Finalement, on retrouve le cerf de Virginie au dernier rang. Du haut de son mètre et de ses 170 kg, vous êtes en mesure de le regarder dans les yeux. En comparaison, il est presque deux fois plus petit que l’orignal!

Différence 2 : l’habitat

Caribou de la Gaspésie, Crédit : Hugues Deglaire
Caribou de la Gaspésie, Crédit : Hugues Deglaire

Un autre aspect qui différencie bien les cervidés au Canada est leur habitat naturel. Selon l’endroit où vous vous trouvez, vous aurez quelques indices quant à l’identité de l’animal devant vous.

Le cerf de Virginie est bien connu des Québécois-es et avec raison. Il est le cervidé le plus commun et le plus répandu en Amérique du Nord. À noter qu’il existe 16 sous-espèces de cerfs de Virginie en Amérique du Nord, mais que seulement trois vivent au Canada. De ces trois sous-espèces, c’est le cerf de Virginie du Nord qu’on retrouve au Québec. Les coupes d’arbres, la disparition de prédateurs et les réglementations sur la chasse sont tous des facteurs qui ont permis à ce dernier d’étendre son territoire. Voilà pourquoi vous êtes peut-être plus familier-ère avec cette espèce.

Surpopulation des cerfs

Un mot sur les récents événements de surpopulation de cerf de Virginie, également connu sous le nom de chevreuil au Québec.

Rappelons que la santé d’un écosystème dépend d’un fragile équilibre entre les espèces qui le composent. Celles-ci sont soumises à des cycles naturels qui régulent leur population. Par exemple, une nourriture abondante et une faible présence de prédateurs tendent à favoriser la croissance d’une population. Normalement, cette hausse de population sera ralentie par une compétition pour l’accès à la nourriture et une hausse de la prédation, ce qui stabilise le nombre d’individus.

Toutefois, comme pour de nombreuses espèces, l’humain est venu perturber ce précieux équilibre pour le cerf de Virginie à plusieurs endroits. Voici plusieurs exemples: premièrement, les coupes forestières favorisent la présence de végétaux qui profitent au cerf. Deuxièmement, le développement urbain qui entoure complètement des populations de cerfs, comme à Longueuil, les coupe de leurs milieux naturels. Par le fait même, ces populations se sont vues également coupées de leurs prédateurs naturels. Finalement, l’introduction de cerfs pour la chasse dans des habitats exempts de prédateurs (on n’a qu’à penser à l’île d’Anticosti) et le nourrissage hivernal par les humains ont également contribué à la surpopulation de cerfs de Virginie qui détruisent actuellement plusieurs écosystèmes.

L’orignal est également une espèce bien connue. Étant le plus grand herbivore des forêts québécoises, c’est un animal imposant qui a su bien s’adapter aux grands froids. Il fréquente les boisés et la forêt boréale et se déplace plutôt à proximité des plans d’eau en été. Souffrant de la chaleur, il va passer plusieurs heures par jour dans l’eau pour se rafraîchir tout en se nourrissant des plantes au fond des lacs.

Crédit photo : Jean-Simon Bégin
Crédit photo : Jean-Simon Bégin

Pour ce qui est du caribou, on retrouve les trois écotypes présents au Québec principalement dans la forêt boréale (caribous forestier et migrateur), sur les massifs montagneux (caribou montagnard), ainsi que dans la toundra arctique (caribou migrateur). Plus discret, le caribou connaît un important déclin de ses populations, et ce, un peu partout au Québec. Son habitat naturel est actuellement menacé par plusieurs facteurs, dont les coupes forestières.

En effet, le caribou forestier est classé comme espèce vulnérable au Québec avec plusieurs populations frôlant le seuil de l’extinction (17 individus à Charlevoix ; 7 à Val-d’Or). Le caribou montagnard est quant à lui désigné menacé au Québec, sa population la plus emblématique située en Gaspésie ne compte désormais plus qu’une trentaine d’individus. Quant au caribou migrateur, il ne possède aucun statut de protection au Québec. Malgré tout, certaines de ses populations, comme celle de la rivière George, connaissent un déclin préoccupant (un déclin de 99% depuis les 30 dernières années!)

Aussi bien dire que vous avez malheureusement plus de chance de rencontrer un caribou au fond de votre poche sur la face d’un 25 sous que dans son habitat.

Dites «caribou, je t’aime»

Les caribous forestiers et montagnards connaissent un fort déclin au Québec en raison de la perturbation de leurs habitats par les activités humaines, dont les coupes forestières. Au fil des années, la coupe des forêts matures et les chemins forestiers ont accéléré la prédation, tandis que les autres perturbations nuisent au rétablissement de l’espèce. Certaines populations comme celle de la Gaspésie sont désormais au bord de l’extinction.

C’est pourquoi Nature Québec a lancé la campagne «Caribou je t’aime» afin d’exiger du gouvernement une stratégie nationale de protection et de rétablissement des caribous forestiers et montagnards.

Finalement, on retrouve le wapiti exclusivement sur le territoire de la Colombie-Britannique et le long des Rocheuses. C’est un animal qui possède un habitat très vaste. Il aime se déplacer entre la montagne et les vallées au courant de l’année. Il n’y a donc aucune chance que vous en croisiez au Québec. Malgré cela, nous avons tenu à l’inclure dans cet article puisqu’il est souvent confondu avec les trois autres cervidés. Cela nous permet également de vous présenter un autre cervidé présent sur le territoire canadien.

Différence 3 : le panache

Wapiti. Banff, Canada

Saviez-vous que tous les cervidés perdent leur panache durant l’année? Malgré cela, leur envergure varie énormément! Alors que le cerf possède le plus petit, c’est l’orignal qui possède le plus grand. Il peut atteindre près de deux mètres d’envergure!

Orignal
Orignal
Cerf de Virginie, Crédit: Jean-François Gaudreau
Cerf de Virginie, Crédit: Jean-François Gaudreau

Par ailleurs, c’est le caribou qui nous réserve la plus grande surprise. Du cerf, de l’orignal, et du wapiti, la femelle caribou est la seule femelle cervidé qui porte des bois. D’une envergure plus petite que celui du mâle, le panache des femelles caribous est également perdu durant l’année, mais plus tard que celui des mâles. Fait intéressant : en hiver, seules les femelles ont encore un panache. Alors, qui tire réellement le traîneau magique? De quel sexe sont les rennes du père Noël?

Différence 4 : caractéristiques surprenantes

Chacun des quatre cervidés possède des caractéristiques propres à son espèce. On sait déjà que la femelle caribou est la seule femelle cervidé à porter des bois. Mais saviez-vous que le wapiti est le seul à posséder des canines supérieures? De forme arrondie et lisse, elles ont longtemps été la cause de mortalité numéro un de ce cervidé. En effet, au XIXe siècle, le wapiti était chassé pour ses canines, qui étaient transformées en bijoux de luxe.

Robe datant du 19e ou 20e siècle avec des canines de wapiti. Exposée au Fernbank Musuem of Natural History

Saviez-vous que, malgré son imposante taille, l’orignal est un excellent nageur? Souffrant de la chaleur en été, il trouve refuge dans les étendues d’eau où il se refroidit. Il peut facilement nager sur 18 kilomètres… soit plus de la moitié de la longueur de l’île d’Orléans! L’orignal n’est toutefois pas le seul Michael Phelps chez les cervidés québécois… Le caribou est également un bon nageur. Il utilise ses sabots qui agissent telles des pagaies dans l’eau!

Dans le but d’allier les savoirs innus et scientifiques pour définir les habitat des animaux dans le Nitassinan de Pessamit, Nature Québec a réalisé plusieurs fiches.

Découvrez-en plus sur Mush Uteruan, l’orignal.

Finalement, le cerf de Virginie se démarque déjà par sa taille considérablement plus petite. Il a toutefois des habitudes bien différentes quant au maternage des faons. Alors que l’orignal, le caribou et le wapiti ont tendance à protéger leurs bébés, la biche va parfois laisser ses petits sans surveillance. Ne vous en faites pas, les faons n’ont pas été abandonnés aux prédateurs! Leur pelage leur permettant de se fondre à merveille dans leur environnement, les bébés attendent sagement d’être allaités par leur mère qui est allée se nourrir.

Cerf de virginie Orignal Caribou Wapiti
Autre nom Chevreuil

Chevreuil de Virginie

Cariacou

Deer, Stag (en anglais)

Élan (en Europe)

Moose (en anglais)

Renne (en Europe)

Reindeer (en anglais)

Élan d’Amérique

Elk (en anglais)

Nom scientifique Odocoileus virginianus Alces americanus Rangifer tarandus  Cervus elaphus
Taille (pour un mâle adulte) Longueur : 160 à 210 cm

Hauteur à l’épaule : 90 à 120 cm

Poids : 85 à 170 kg

Longueur : 200 à 290 cm

Hauteur à l’épaule : 169 à 192 cm

Poids : 330 à 635 kg

Longueur : 170 à 230 cm

Hauteur à l’épaule : 104 à 140 cm

Poids : 120 à 200 kg

Longueur : 200 à 250 cm

Hauteur à l’épaule : 150 cm

Poids : 300 à 350 kg

Panache 76 cm d’envergure 150 cm d’envergure 120 cm d’envergure 120 cm d’envergure
Différence notable La biche laisse parfois ses petits sans surveillance Très à l’aise dans l’eau, il peut nager sur 18 km!

Vue très faible, mais un très bon odorat et ouïe

Puissant nageur

La plupart des femelles portent également des bois!

Canines supérieures
Aide pour l’identification Cervidé le plus petit au Canada. Cervidé le plus grand au Canada. À Val-d’Or, Charlevoix et en Gaspésie, on le retrouve principalement dans des enclos.

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On le retrouve surtout en Colombie-Britannique.
Habitat Clairières et forêts de feuillus ou mixtes Forêt canadienne mixte proche des étendues d’eau Dépend de l’écotype : forêt boréale, toundra  et régions montagneuses (exemple: Gaspésie) Forêts et montagnes de la Colombie-Britannique

Et voilà ce qui conclut notre article sur les différences et similitudes entre les cervidés du Québec (et du Canada). La prochaine fois, saurez-vous identifier adéquatement le cerf, l’orignal, le caribou et le wapiti?

Marianne Caouette

Chargée de projet Biodiversité et Forêt

marianne.caouette@naturequebec.org

Crédits

Rédaction : Catherine Bégin

Révision : Marianne Caouette, Alice-Anne Simard

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