Coup de balai nécessaire au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs

27 novembre 2020

Alors que de nombreux intervenant-e-s mettent les bouchées doubles pour que le Québec atteigne la cible de 17% d’aires protégées d’ici la fin de l’année, une coalition de groupes environnementaux et citoyens dénonce l’obstruction exercée par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) et demande au Premier ministre du Québec de prendre les mesures nécessaires pour corriger la situation.

 

Dans l’état actuel des choses, c’est un « ministère de l’Industrie Forestière » qui se présente à la table de travail sur les aires protégées et ses représentant-e-s négocient avant tout pour l’industrie et contre l’environnement.

Des projets d’aires protégées

bloqués dans toute la forêt publique

 

Des dizaines de territoires identifiés par les acteurs régionaux pour leurs valeurs écologiques et bioculturelles font présentement l’objet de négociations interministérielles en vue de compléter le réseau d’aires protégées, notamment dans le Sud du Québec.

Or, de nombreux projets d’aires protégées en milieu forestier portés par des citoyen-ne-s sont systématiquement bloqués par le MFFP. Dans certains cas, ces zones subissent présentement des coupes forestières. En effet, des coupes sont actuellement en cours dans le secteur du lac Kénogami, à moins d’une vingtaine de kilomètres de la ville de Saguenay. Ce secteur, ainsi que la rivière Péribonka dans la même région, et le Mont Kaaikop et la forêt Ouareau dans les régions des Laurentides et de Lanaudière, possèdent tous un fort potentiel récréotouristique et font face aux mêmes blocages de la part du MFFP.

fjord du saguenay, de de l'anse st-jean

Crédit photo : Fralambert

Une volonté claire de nuire

aux efforts de conservation

 

Les hauts fonctionnaires du MFFP rejettent purement et simplement tout le travail accompli dans les dernières années par les citoyen-ne-s, les élu-e-s régionaux, le ministère de l’Environnement et les Nations autochtones pour désigner de nouvelles aires protégées en forêt aménagée. Le MFFP contrevient ainsi à sa propre Stratégie d’Aménagement Durable des Forêts, qui l’engage à « collaborer au développement du réseau québécois des aires protégées ».

Déjà en 2018, un document interne du MFFP dévoilait une stratégie visant à freiner la création d’aires protégées dans 11 régions administratives, et à reléguer la quasi-totalité des nouvelles aires protégées dans les seules régions de la Côte-Nord et du Nord-du-Québec.

«Le MFFP contrevient ainsi à sa propre Stratégie d’Aménagement Durable des Forêts, qui l’engage à « collaborer au développement du réseau québécois des aires protégées »»

Des inquiétudes face à la qualité

d’aires protégées à venir

 

Les groupes s’inquiètent du fait que si ces projets d’aires protégées ne se concrétisent pas, le Québec ratera la cible internationale de 17%, qui découle de la Convention sur la Diversité Biologique des Nations Unies. Cette cible prévoit un réseau d’aires protégées « représentatif »; les signataires s’attendent donc à ce que le gouvernement annonce plusieurs aires protégées dans nos forêts publiques aménagées, dans toutes les régions forestières, et pas uniquement au nord de la province.

silhouette de caribou dans le crépuscule

Crédit photo : Hugues Deglaire

La création d’aires protégées dans ces régions est par ailleurs une nécessité pour le rétablissement du caribou forestier et montagnard, deux écotypes protégés par la Loi sur les espèces en péril et la Loi sur les espèces menacées et vulnérables.

 

En refusant de protéger la forêt boréale québécoise, forêt qui à l’échelle mondiale constitue un des plus importants puits de carbone, le MFFP porte gravement atteinte à la réputation mondiale du Québec en tant que chef de file en développement durable. Le refus persistant du ministère de s’aligner avec la science climatique, et avec les démarches concertées du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, des groupes citoyens et de plusieurs communautés autochtones, est révélateur de son incapacité à remplir son mandat de gérer les forêts publiques au bénéfice de la population québécoise.

Liste des signataires :

Alice-Anne Simard, Nature Québec

Pier-Olivier Boudreault, SNAP Québec

Henri Jacob, Action Boréale

Marie-Christine Fiset, Greenpeace

Diego Creimer, Fondation David Suzuki

Claude Samson, Coalition pour la préservation du mont Kaaikop

Marc Grenon, Association pour la protection du lac Kénogami

Comité de Sauvegarde de la rivière Péribonka

Éco-Corridors Kaaikop-Ouareau (ECKO)

Regroupement de villégiateurs du lac Kénogami