Un budget qui creuse aussi le déficit climatique et environnemental

12 mars 2024

Téléchargez le communiqué

 

Communiqué de presse
Pour diffusion immédiate

 

Réaction au budget du Québec 2024-2025

Un budget qui creuse aussi le déficit climatique et environnemental

 

Québec, le 12 mars 2024 – Nature Québec déplore les choix réalisés par le gouvernement Legault dans son budget 2024-2025, alors que les nouveaux investissements pour exploiter les ressources naturelles, comme les forêts et les minerais critiques, dépassent largement ceux pour protéger la nature.

« Dans un contexte budgétaire déficitaire, tout dollar doit être investi à la bonne place pour le bien-être de la société. Le budget présenté aujourd’hui passe au contraire totalement à côté de ce qui doit être fait pour lutter efficacement contre les crises environnementales. C’est une année perdue pour la lutte aux changements climatiques et la protection de la nature », explique Anne-Céline Guyon, analyste énergie et climat.

L’organisation environnementale se désole que seulement 127,5 M$ supplémentaires sont investis en environnement, dont la majeure partie ira à la sécurité publique face aux événements climatiques extrêmes. Nature Québec estime aussi que le gouvernement du Québec se prive de revenus qui auraient pourtant pu l’aider à investir de manière beaucoup plus structurante en environnement, en n’introduisant pas de nouvelles mesures d’écofiscalité.

Au niveau de la transition énergétique, avec notamment 500M$ d’investissements supplémentaires pour les projets de minéraux critiques et stratégiques et aucun nouvel investissement pour des mesures structurantes permettant la sobriété et l’efficacité énergétique, Nature Québec considère que le gouvernement confirme sa vision affairiste et son parti pris pour une décarbonation axée sur le seul développement de la filière batterie.

« Les choix politiques et budgétaires du gouvernement Legault nous conduisent vers une décarbonation de la société qui risque d’être réalisée au détriment du vivant. Le cas de Northvolt est l’exemple le plus récent, alors que des milieux naturels sensibles seront détruits pour construire une usine de batteries, mais ce cas n’est pas unique. Ce gouvernement ne semble pas comprendre l’interrelation entre les crises climatique et de la perte de biodiversité, alors qu’il investit dans une filière vouée à répondre qu’à une infime partie de la problématique des émissions de gaz à effet de serre en accélérant au passage la destruction des écosystèmes naturels », explique Mme Guyon.

L’organisation environnementale est d’avis que les feux de forêt sont utilisés par le gouvernement comme prétexte pour offrir encore plus de subventions à l’industrie forestière, déjà lourdement subventionnée. « Avec 320 M$ pour soutenir le secteur forestier québécois et 27,5 M$ pour maximiser la récolte des volumes de bois disponibles, les feux ont le dos large et sont utilisés pour justifier une intensification de la récolte de bois, alors que la consultation sur l’avenir de la forêt menée par le ministère des Ressources naturelles et des Forêts n’est pas encore terminée. En matière d’exploitation de la forêt, on dirait que les décisions sont déjà prises et que le ministère n’attendra pas la fin de la consultation pour modifier le régime forestier », déplore Mme Guyon.

Nature Québec voit d’un bon œil les nouveaux investissements de 101,9 M$ en sécurité publique face à l’intensification des feux et des épisodes de météo extrêmes, notamment les 29 M$ qui seront consacrés à la SOPFEU, les 61,3M$ pour agir contre les sinistres et les 11,6 M$ pour sécuriser les barrages publics, municipaux et privés. Cependant, l’organisation environnementale rappelle que l’adaptation aux changements climatique ne peut se réduire à une question de sécurité publique. « Où sont les nouveaux investissements pour l’atténuation de la crise climatique et la mobilisation des écosystèmes naturels pour leur rôle d’adaptation, par exemple face aux inondations et à la pollution atmosphérique ? », se questionne Mme Guyon.

De plus, alors que les deux grandes crises environnementales s’accélèrent et que leurs impacts se font de plus en plus ressentir un peu partout sur le territoire, Nature Québec déplore encore une fois à quel point le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs est le parent pauvre du gouvernement. « Non seulement le budget du ministère de l’Environnement représente toujours moins de 1% des dépenses gouvernementales, mais il a même reculé de 81,4 M$ depuis l’an dernier », insiste Mme Guyon.

Nature Québec est aussi très inquiète de constater que 8,5 M$ sont déjà prévus au budget afin de poursuivre l’optimisation du processus d’autorisation environnementale des projets de développement économique. « Si on se fie aux récentes déclarations du ministre de l’Environnement, il est clair qu’on sous-entend ici une révision des règles entourant les consultations menées par le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement dans l’objectif d’accélérer les processus d’évaluation environnementale des grands projets industriels. Une volonté gouvernementale contre laquelle s’inscrit Nature Québec », déclare Mme Guyon.

Pour finir sur une note positive, Nature Québec se réjouit des sommes allouées pour mettre en place le site du patrimoine mondial d’Anticosti.

 

-30-

 

Renseignements

Nature Québec
Gabriel Marquis, directeur des communications à Nature Québec
581-307-8613 | Gabriel.marquis@naturequebec.org

 

À propos de Nature Québec

Nature Québec est un organisme national sans but lucratif œuvrant à la conservation des milieux naturels et à l’utilisation durable des ressources depuis 1981. Appuyée par un réseau de scientifiques, son équipe mène des projets et des campagnes autour de 4 axes : la biodiversité, la forêt, l’énergie et le climat, ainsi que l’environnement urbain. L’organisme regroupe plus de 145 000 membres et sympathisant.es, 30 groupes affiliés et est membre de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). En ville comme en région, Nature Québec sensibilise, mobilise et agit en vue d’une société plus juste, à faible empreinte écologique et climatique, solidaire du reste de la planète.

Pour en savoir plus : naturequebec.org