Le plan caribou est un devoir incomplet remis en retard, dit Nature Québec

30 avril 2024

Communiqué de presse
Pour diffusion immédiate

 

 

Le plan caribou est un devoir incomplet remis en retard, dit Nature Québec

 

Québec, le 30 avril 2024 Nature Québec trouve inacceptable que la stratégie caribou promise depuis cinq ans ne soit toujours pas dévoilée et que le gouvernement se contente de présenter des « projets régionaux » pour les caribous forestiers de Charlevoix et les caribous montagnards de la Gaspésie. L’organisation environnementale estime que Québec joue un jeu dangereux et ouvre la porte toute grande à une intervention du fédéral.

« Nous saluons l’intention du gouvernement de créer des aires protégées et de restaurer l’habitat des caribous de Charlevoix et de la Gaspésie, mais malgré ces mesures essentielles pour ces deux hardes, le plan caribou présenté aujourd’hui est un devoir incomplet remis en retard. Ces projets régionaux ne sont pas du tout la stratégie promise depuis 2019. Surtout, ce plan ne respecte ni les recommandations des scientifiques ni les recommandations de la commission indépendante mise en place par le gouvernement, qui ont martelé l’importance d’agir rapidement pour assurer la survie et le rétablissement de toutes les hardes de caribous », explique Alice-Anne Simard, directrice générale de Nature Québec.

Nature Québec juge inacceptable qu’aucun échéancier n’ait été présenté pour le dévoilement de la stratégie caribou globale et demande au gouvernement de s’engager à la présenter dans les plus bref délais. « En repoussant encore le dévoilement de la stratégie caribou à une date indéterminée, le gouvernement est en train de signer l’arrêt de mort des populations de caribous particulièrement vulnérables, comme celles de Val-d’Or et du Pipmuacan. Le gouvernement ne respecte pas les engagements de protection de l’ensemble des populations de caribous qu’il a pris auprès du gouvernement fédéral. En révélant un plan incomplet, Québec joue un jeu dangereux et s’expose à une intervention du fédéral, qui a aussi obligation légale d’assurer la survie du caribou », affirme Mme Simard.

L’organisation environnementale rappelle qu’en août 2022, le gouvernement du Québec s’est engagé au côté du fédéral, dans une annonce conjointe, à « tendre vers l’autosuffisance à long terme de toutes les populations de caribou » et à « réduire le taux de perturbation de l’habitat du caribou forestier et montagnard de la Gaspésie de manière à atteindre un pourcentage de 65 p. 100 d’habitat non perturbé dans chacune de leurs aires de répartition ».

L’organisation environnementale accueille positivement les investissements de 59,5 millions $ et les projets régionaux de protection et de restauration spécifiques pour les populations de Charlevoix et de la Gaspésie, incluant l’intention d’agrandir la réserve de biodiversité des Caribous-Forestiers-de-Manouane-Manicouagan, de maintenir les mesures intérimaires et d’appliquer de mesures administratives temporaires sur le territoire du projet d’aire protégée de Vallières-de-Saint-Réal. Nature Québec prendra le temps d’analyser en détails les mesures et les modifications réglementaires proposées, et participera à la consultation publique lancée aujourd’hui pour s’assurer que ces propositions respectent la science et réduisent le taux de perturbation de l’habitat sous le seuil de 35 %. Depuis 2019, Nature Québec travaille en partenariat avec plusieurs acteurs de la région de la Gaspésie afin d’élaborer un scénario de protection et de restauration de l’habitat du caribou montagnard. Ce scénario a été déposé en janvier 2024 au gouvernement du Québec.

Nature Québec rappelle que la protection du caribou est une opportunité de réconciliation à ne pas manquer pour soutenir le leadership autochtone en matière de conservation et que le gouvernement a l’obligation de respecter les droits des Peuples autochtones dans son approche. L’organisation souligne que le Québec a aussi le devoir moral de protéger chaque population de caribou, sans quoi il risquerait de causer des préjudices importants à plusieurs communautés autochtones, pour qui le caribou est au cœur de l’identité et de la culture.

En conclusion, Nature Québec reconnaît que la protection du caribou entraîne des inquiétudes pour les communautés forestières, mais rappelle que des mesures peuvent être mises en place pour limiter les impacts d’une stratégie ambitieuse. « Afin de protéger les travailleurs, les travailleuses et les communautés des impacts à moyen et long terme, le gouvernement doit travailler sur un plan de transition juste du secteur forestier. Par la modernisation de l’industrie du bois et la diversification économique des communautés forestières, il est possible d’assurer la vitalité des régions et de créer des emplois durables et de qualité. Ce plan de transition juste doit être pensé et co-créé avec les syndicats, les travailleurs et travailleuses, les acteurs régionaux et les entreprises », conclut Mme Simard.

 

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Renseignements

Nature Québec
Gabriel Marquis, directeur des communications
581-307-8613 | gabriel.marquis@naturequebec.org

À propos de Nature Québec

Nature Québec est un organisme national sans but lucratif œuvrant à la conservation des milieux naturels et à l’utilisation durable des ressources depuis 1981. Appuyée par un réseau de scientifiques, son équipe mène des projets et des campagnes autour de 4 axes : la biodiversité, la forêt, l’énergie et le climat, ainsi que l’environnement urbain. L’organisme regroupe plus de 145 000 membres et sympathisant.es, 30 groupes affiliés et est membre de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). En ville comme en région, Nature Québec sensibilise, mobilise et agit en vue d’une société plus juste, à faible empreinte écologique et climatique, solidaire du reste de la planète.

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