Hydro-Québec veut également compenser Énergir pour ses futurs clients

13 avril 2022

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Communiqué
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Entente de biénergie entre Hydro-Québec et Énergir
Hydro-Québec veut également compenser Énergir pour ses futurs clients 

 

Montréal, Québec – Des groupes citoyens et environnementaux dénoncent l’intention d’Hydro-Québec et d’Énergir de financer la biénergie par des hausses de tarifs d’électricité. Ils s’y opposent d’autant plus que ce projet s’appliquerait aux nouveaux bâtiments. Il était déjà connu qu’Énergir voulait se faire compenser pour la conversion de certains de ses clients actuels à la biénergie électricité–gaz. Or, Énergir voudrait également se faire compenser pour l’installation de la biénergie dans de nouveaux bâtiments alors que, par définition, aucune conversion n’aurait lieu. 

C’est en substance ce qui ressort des documents déposés par Hydro-Québec et Énergir devant la Régie de l’énergie. Selon leurs propres mots  :  « le client qui aurait installé un système de chauffage au gaz naturel dans son nouveau bâtiment, mais qui choisit l’option biénergie, effectue une conversion « sur plan ». (page 37 ) 

Toute l’opération coûterait jusqu’à 2,4 milliards $ (2021-2050) et serait en partie payée par une hausse des tarifs d’électricité. Comme les tarifs d’électricité vont déjà augmenter énormément en raison de l’inflation extraordinaire que nous vivons en ce moment, le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonathan Julien, doit clairement se prononcer contre le financement de la biénergie par d’autres hausses de tarifs d’électricité. 

Ainsi, Énergir pourrait, par exemple, s’entendre avec un promoteur sur la construction de 1 000 unités de logement « sur plan » pour chauffer ces unités d’habitation au gaz puis se retourner vers Hydro-Québec et accepter de développer le projet en biénergie, en se faire compenser pour les 70 % de ventes « perdues » pendant au moins les 15 prochaines années. Et le tout financé en grande partie par une hausse des tarifs d’électricité de tous les Québécois et Québécoises.

 

Les groupes rappellent que le gaz est une énergie fossile dont il faut – au même titre que le charbon et le pétrole – totalement se départir si nous voulons atteindre notre cible de carboneutralité au plus tard en 2050. En ce sens, ils réitèrent que le gaz n’a pas sa place dans les nouvelles constructions et qu’il faut travailler au plus vite pour s’en affranchir dans les bâtiments existants. Même madame Sophie Brochu, PDG d’Hydro-Québec, n’a parlé que de convertir des “clients existants” à la biénergie dans une entrevue récente.

 

Pourtant, des solutions existent. Hydro-Québec pourrait déjà offrir le chauffage 100 % électrique en incorporant des technologies qui lui permettront de gérer les pointes de demande, sans avoir recours au gaz fossile. La société d’État a déjà ces technologies en main; elle en fait d’ailleurs la promotion et la commercialisation entre autres par le biais de ses filiales Hilo et Evlo et de subventions comme c’est le cas pour les accumulateurs de chaleur. Pourquoi a-t-elle décidé de privilégier l’entreprise privée Énergir plutôt que ces technologies novatrices qu’elle maîtrise déjà?

 

Citations

 

« Incroyable! Hydro-Québec propose de payer plusieurs  millions de dollars à Énergir pour qu’elle installe des systèmes au gaz fossile dans de nouveaux bâtiments! Au lieu de financer Énergir pour qu’elle rajoute des infrastructures gazières, il faut interdire tous les nouveaux systèmes au gaz et rapidement convertir les systèmes actuels vers des systèmes sans énergies fossiles ». Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie à Greenpeace Canada.

« Le chat est sorti du sac. Il est maintenant très clair qu’à travers cette entente, le véritable objectif visé par Énergir est de faire subventionner l’extension de son réseau gazier avec la complicité d’Hydro-Québec. Ceci est en total contradiction avec l’atteinte de notre cible de carboneutralité en 2050 pour laquelle il faudrait au contraire interdire totalement l’utilisation du gaz fossile dans toutes les nouvelles constructions ». Anne-Céline Guyon, chargée de projet climat chez Nature Québec. 

« La Caisse de dépôt a beau dire qu’elle se retire du financement de l’exploration et de l’exploitation des hydro-carbures, ça n’a pas de sens si elle continue d’appuyer la distribution de gaz! C’est aussi incohérent que si la Caisse s’achetait un réseau de stations-service et en favorisait l’expansion! La Caisse de dépôt, actionnaire à 80% d’Énergir, et son PDG Charles Émond doivent déclarer publiquement qu’ils ne soutiennent pas Énergir dans sa volonté de faire payer les consommateurs d’électricité verte pour financer la biénergie dans les nouveaux bâtiments. » Sébastien Collard, Sortons la Caisse du carbone.

« Ce projet définit un nouveau concept « pollueur payé ». En plus d’aller dans le sens contraire du bon sens économique, cela va dans le sens contraire de l’évolution du climat et des recommandations pressantes du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) ». Jacques Rousseau, membre du comité de coordination du Regroupement vigilance hydrocarbures Québec.

 

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Pour plus d’information, veuillez communiquer avec:  

Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie, Greenpeace Canada,
514-594-1221 | pbonin@greenpeace.org 

Gabriel Marquis, responsable des communications, Nature Québec
581-307-8613 | gabriel.marquis@naturequebec.org  

Jacques Rousseau, secrétaire général, Regroupement vigilance hydrocarbures Québec,
438-394-3081
| jrjjrousseau@gmail.com 

Sébastien Collard, Sortons la Caisse du carbone
418-575-6147 | coursebas@hotmail.com 

 

À propos du ROEÉ

Le ROEÉ, fondé en 1997, participe activement aux consultations et audiences de la Régie de l’énergie, ou auprès d’autres forums pertinents, afin de défendre de manière efficace le point de vue des groupes et organismes à vocation environnementale dans le domaine énergétique. Les membres du ROEÉ font connaître au grand public les enjeux soulevés à la Régie en les commentant et en sensibilisant sur la question environnementale dans le domaine énergétique. Le ROEÉ est composé de huit groupes environnementaux, soit l’Association madelinienne pour la sécurité énergétique et environnementale (AMSÉE), Canot Kayak Québec, Écohabitation, la Fondation Coule pas chez nous, la Fondation Rivières, Nature Québec, le Regroupement pour la surveillance du nucléaire et le Regroupement vigilance hydrocarbures Québec (RVHQ). Ces groupes représentent des milliers de membres individuels et de multiples organisations au Québec. Pour en savoir plus : https://www.roee.ca/

 

À propos de Nature Québec

Nature Québec est un organisme national sans but lucratif œuvrant à la conservation des milieux naturels et à l’utilisation durable des ressources depuis 1981. Appuyée par un réseau de scientifiques, son équipe mène des projets et des campagnes autour de 4 axes : la biodiversité, la forêt, l’énergie et le climat, ainsi que l’environnement urbain. L’organisme regroupe plus de 90 000 membres et sympathisant-es,  40 groupes affiliés et est membre de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Partout au Québec, on sensibilise, mobilise et agit en vue d’une société plus juste, à faible empreinte écologique et climatique, solidaire du reste de la planète.

Pour en savoir plus : https://naturequebec.org/