Sapin, épinette, pin, mélèze… Comment identifier ce conifère?

18 décembre 2024

C’est une belle journée d’hiver!

Le soleil est doux et une petite neige tombe du ciel. Vous vous empressez de chausser vos lourdes bottes, d’enfiler votre manteau et d’appeler votre ami-e. Destination: parc ou sentier le plus proche pour une marche énergisante.

En profitant de l’air frais et du scintillement de la neige, vous remarquez les arbres encore verts, faciles à repérer parmi les branches dévêtues de leurs voisins. Soudainement le vent s’emporte, votre foulard fouette votre visage et une cocotte vous tombe sur la tête. « HAHA… Je pense que ce sapin te dit salut, » s’esclaffe ton ami-e.

« Ce n’est pas un sapin, c’est une épinette! », tu lui renvoies. 

Cela se pourrait-il qu’il s’agisse tout bonnement d’une autre espèce d’arbre ?

Ainsi commence cet épineux débat que nous avons tous et toutes, surtout durant les mois les plus froids. Nature Québec vous aide à trancher: voici comment identifier les conifères!

Les types de conifères du Québec

En partant, on sait qu’un arbre qui garde son « feuillage» à l’année à nos latitudes est fort probablement un conifère.

Autre indice : cet arbre produit des cônes (pensez à CÔNE-ifère) qu’on appelle aussi cocottes. Alors là, plus de doute!

Mais alors, de quel type de conifère parle-t-on ?

Des conifères, il y en a presque partout dans le monde, mais ils sont majoritairement présents dans l’hémisphère nord1. Certains d’entre eux sont parmi les arbres2 les plus vieux et les plus hauts qu’on puisse observer, comme les séquoias géants de Californie ou les gros sapins de Douglas de la Colombie-Britannique.

Heureusement pour votre enquête, il n’y a qu’un nombre limité de conifères au Québec.

Pour la quasi-totalité d’entre eux, il s’agit d’arbres, à l’exception d’une espèce, l’If, qui est un arbuste. On compte donc au Québec sept familles d’arbres conifères indigènes, soit: le sapin, l’épinette, le pin, le mélèze, la pruche, le thuya (communément appelé cèdre) et le genévrier.

Malgré leurs attributs communs, les sept arbres conifères du Québec sont bel et bien des espèces différentes. Explorons maintenant les caractéristiques qui permettent de les différencier.3

Quelle est la définition d’un conifère ?

Pourquoi est-ce que ces arbres de taille sont classifiés dans la même catégorie que l’if, un arbuste?

La réponse est dans la définition du groupe conifère, qui n’est pas déterminé par la hauteur. En fait, le conifère est un arbre ou un arbuste:

  • résineux (qui produit de la résine);
  • sempervirent (en anglais: evergreen, toujours vert), qui ne perd pas ses feuilles en hiver*;
  • avec des feuilles en forme d’aiguilles ou d’écailles;
  • qui pousse dans les régions froides et tempérées;

et dont la majorité des espèces produisent des cônes, CÔNE-ifère!

*Attention, exception! Le mélèze perd ses aiguilles à l’automne, elles deviennent dorées et tombent, c’est donc un conifère décidu.

Identification des conifères: la taille et la forme des cônes

Cet élément des forêts que l’on utilise pour décorer nos maisons durant le temps des fêtes est en fait le fruit, la graine des conifères qui leur permettent de se reproduire. On peut facilement distinguer les cônes des arbres à feuilles en forme d’aiguilles, qui sont plus gros, rigides et s’ouvrent en étages. À l’inverse, les arbres à feuilles en forme d’écailles ont de petits cônes ronds ou oblongs. À noter : les cônes des genévriers sont bleus et ressemblent à des baies, mais attention, ils ne sont pas comestibles.

Identification des conifères: les feuilles sont toutes différentes

La forme et la position des feuilles sur les branches sont de bons indices pour avoir une idée rapide de quel conifère il s’agit. Les feuilles des conifères sont soit de forme aiguille ou écaille.

Conifère avec des feuilles de forme aiguilles

Feuilles de Sapin baumier
Photographie par Superior National Forest

Sapin baumier (Abies balsamea)

Les aiguilles de moyenne taille sont linéaires et aplaties, elles ne se roulent pas entre les doigts. Elles sont distribuées de part et d’autre de la branche.

Épinette (Picea)

Les aiguilles moyennes à longues, sont quadrangulaires, c’est-à-dire qu’elles sont sur 4 angles, formant donc une forme plutôt ronde. Ces aiguilles se roulent entre les doigts.

Feuilles de pin gris
Photographie par Doug McGrady

Pin (Pinus)

Les aiguilles des pins sont généralement plus longues et toujours regroupées en faisceaux, amas, de 2, 3, ou 5.

Mélèze (Larix)

Les petites aiguilles molles et aplaties des mélèzes sont réunies en faisceaux de 15 à 60. Elles jaunissent et tombent à l’automne.

Pruche du Canada (Tsuga canadensis)

Les aiguilles des pruches ressemblent à celles des sapins, donc aplaties et distribuées de part et d’autre de la branche. Cependant, elles se distinguent par leurs tailles plus petites, leurs compositions plus molles et leurs formes plus lancéolées, arrondies, moins pointues. De plus, elles sont pétiolées, elles ne sont pas connectées directement à la branche comme pour le sapin.

Conifère avec des feuilles en forme d’écailles

Thuya (Thuya)

Les feuilles sont en forme d’écailles, mates et aplaties, en paires imbriquées.

Genévrier (Juniperus)

Comprend des feuilles en forme d’écaille, bleu vert, en paires imbriquées mélangées avec des aiguilles.4

Après avoir examiné les feuilles de ton espèce mystérieuse, tu es convaincu-e de l’avoir identifiée. Lorsque ton ami-e te demande si tu es certain-e, tu recommences cependant à hésiter. Et si tu t’étais trompé-e d’arbre?

Après tout, l’erreur est humaine! Passons au dernier indice, pièce manquante pour nous aider à compléter notre casse-tête.

Identification des conifères: l’écorce

Après avoir identifié les types de cônes et de feuilles, il est temps d’observer les lignes et rainures de l’écorce. Ceci est particulièrement utile si l’arbre est grand et que tu n’as pas pu bien identifier ses feuilles parce qu’aucune branche n’était accessible. Pour l’écorce, on doit porter notre attention aux couleurs et textures.

Écorce de sapin baumier
Photographie par Kim Tilli

Sapin baumier (Abies balsamea)

Couleur: grisâtre

Textures: Lisse chez les jeunes arbres, rugueuse, irrégulière et avec des vésicules (poche) de résine chez les sapins matures.

Écorce d'épinette blanche
Photographie par Eli Sagor

Épinette (Picea)

Couleur: selon l’espèce d’épinette, brun grisâtre ou rougeâtre

Texture: selon l’espèce d’épinette, plaques sombres et écailles

Écorce de pin blanc

Pin (Pinus)

Couleur: selon l’espèce de pin, brun ou rougeâtre.

Texture: crêtes et sillons de profondeurs variés ou larges plaques écailleuses.

Écorce de mélèze laricin
Photographie par Gilles Ayotte

Mélèze (Larix)

Couleur: grise chez les jeunes arbres, puis brun-rougeâtre

Texture: écailleuse

Écorce de pruche du Canada

Pruche du Canada (Tsuga canadensis)

Couleur: brun foncé rougeâtre

Texture: larges crêtes avec plusieurs sillons

Écorce de thuya

Thuya (Thuya)

Couleur: brun ou rougeâtre

Texture: longues lanières étroites qui s’effilochent

Écorce du genévrier de virginie
Photographie par Tom Potterfield

Genévrier (Juniperus)

Couleur: brun ou rougeâtre

Texture: se détache en longue lanière

Conclusion: sapin, épinette, mélèze, genévrier…?

Tu as trouvé! Tu cries la réponse alors que la joie t’emporte. Surpris-e et curieux-se, ton ami-e te demande comment tu as identifié ce conifère. « Il faut juste avoir les bonnes ressources! » lui réponds-tu avec un clin d’œil.

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Bibliographie

1 https://www.thecanadianencyclopedia.ca/en/article/coniferous-trees#:~:text=Conifers%20have%20an%20extensive%20range,Few%20are%20tropical

2 https://www.floraquebeca.qc.ca/flore/cle_coniferes2012.pdf

3 Leboeuf, Michel. « Arbres et plantes forestières du Québec et des maritimes » (2007).

Rédaction

Chloé Allard, Chargée des communications Biodiversité

Révision

Gabriel Marquis, Directeur des communications et engagements

Gabrielle Côté, Chargée de projet Biodiversité