Défendons l’avenir de la forêt

27 février 2025

Défendons l’avenir de la forêt

La forêt est menacée, nos communautés aussi. Mobilisons-nous !

La forêt fait partie intégrante de la culture, de la richesse et du quotidien des Québécois-es et des Peuples autochtones. Milieu de travail pour certain-e-s, espace de ressourcement pour d’autres, la forêt est aussi une ressource nourricière et un emblème des paysages du Québec. Elle est essentielle à la biodiversité et à la régulation du climat. Pourtant, la forêt québécoise va mal !

Feux dévastateurs, insectes ravageurs, pertes de vieilles forêts, érosion de la biodiversité, surexploitation et pressions commerciales… Les forêts et les communautés qui en dépendent font face à des menaces climatiques, environnementales et économiques inédites. C’est une tempête parfaite à laquelle s​​’ajoute un projet de réforme du régime forestier qui risque d’aggraver les choses.

Travel hike forest nature hiker woman walking in canadian woods in fall autumn season, by beaver dam in Quebec National Park Parc de la Jacques Cartier, Canada destination.

Celui-ci risque de sacrifier les acquis environnementaux et la gouvernance publique des forêts au profit des intérêts à court terme des grands lobbys du bois, incluant des multinationales, le tout de manière antidémocratique ! On recule de 40 ans en arrière, alors qu’il faudrait regarder 40 ans en avant !

Il faut nous mobiliser pour bloquer ce projet de réforme et demander une modernisation du régime forestier pour une foresterie réellement durable et inclusive qui assurera la résilience des forêts et des communautés à long terme ! Défendons l’avenir de la forêt (et le nôtre !)

Les forêts du Québec, menacées?

Les perturbations naturelles, comme les feux de forêt, les épidémies d’insectes ou les grands vents ont toujours existé. Elles sont normales et même essentielles au fonctionnement et à la régénération des forêts. Cependant, les interventions humaines et les pratiques forestières intensives sont venues déséquilibrer le cycle naturel de ces perturbations et la capacité de régénération des forêts. Aujourd’hui, elles mettent à mal les forêts en tant qu’habitats d’espèces, puits de carbone et ressources économiques viables.

Les coupes totales

Avec des feux plus fréquents, un trop grand recours aux coupes forestières intensives peut compromettre la régénération naturelle des forêts.

La perte des vieilles forêts

Tant les feux que les coupes commerciales mettent à mal les vieilles forêts qui prennent des centaines d’années à repousser et sont essentielles à la survie de plusieurs espèces, dont le caribou. La perte de ces écosystèmes accélère le déclin de la biodiversité.

La multiplication des chemins forestiers

En 2024, on compte près de 550 000 km de chemins forestiers au Québec. Les forêts morcelées par les coupes et les chemins forestiers peinent à demeurer un habitat viable pour les nombreux animaux et les plantes qui en dépendent pour survivre.

L’augmentation des forêts «secondaires»

Avec les coupes, on voit de plus en plus de «forêts secondaires», c’est-à-dire des forêts qui ont été coupées et aménagées. Or celles-ci sont moins résilientes que les vieilles forêts face aux changements climatiques, aux maladies et aux insectes ravageurs. Elles sont également moins performantes au niveau économique.

Le développement urbain et industriel

Dans le sud du Québec, l’étalement urbain cause une déforestation qui découpe petit à petit les terrains boisés et réduit leur connectivité. Plus au nord, une pression pour la déforestation est aussi exercée par le développement industriel, comme les projets miniers. Dans les deux cas, les forêts et leurs écosystèmes sont fragilisés.

Les changements climatiques

Les changements climatiques induits par l’activité humaine créent des conditions météorologiques extrêmes qui servent de carburant à des saisons de feux imprévisibles et destructrices. Ils ont aussi une incidence sur les cycles de reproduction de certains insectes ravageurs et contribuent à une migration des niches écologiques.

Un cercle vicieux…

Les incendies de forêt record au Canada en 2023 auraient généré 2,98 milliards de tonnes métriques de CO2, soit l’équivalent des émissions de 647 millions de voitures en un an. Les feux et les pratiques forestières intensives transforment les forêts en source de carbone, plutôt qu’en puits, ce qui alimente les changements climatiques qui, à leur tour, augmentent les risques de feux à grande échelle.

L’industrie scie la branche sur laquelle elle est assise

En ce moment, l’industrie forestière scie la branche sur laquelle elle est assise. Son modèle d’affaires est inadapté à l’état des forêts. Il aggrave la crise climatique et la perte de la biodiversité et il met en péril les emplois qui dépendent d’une forêt en bonne santé. L’exploitation intensive du bois résineux appauvrit les forêts et les communautés forestières, déjà affectées par les fluctuations du marché, les craintes liées aux tarifs américains, les feux et la dévitalisation.

Cette situation n’est pas nouvelle. Le secteur forestier souffre déjà et les travailleurs et travailleuses en paient le prix.

Entre 1990 et 2010, environ 37 736 emplois ont été perdus en raison de l’évolution du marché. La diminution continue avec 1 861 emplois perdus en 2023 par rapport à l’année précédente.

L’industrie forestière veut faire croire que les mesures environnementales comme les aires protégées et la protection des caribous sont la cause principale des pertes d’emplois, mais ce n’est pas le cas. Une mauvaise gestion, la perte de valeur du bois récolté et des enjeux commerciaux sont davantage à blâmer.

Résultat : à moyen terme, les peuplements rentables manqueront, provoquant des fermetures d’usines dans plusieurs régions qui dépendent encore de ce secteur.

Plutôt que de miser sur la résilience, l’adaptation et l’innovation, l’industrie forestière a investi massivement dans un lobbying intensif auprès du gouvernement afin de maximiser ses profits à court terme et affaiblir les acquis environnementaux. Le lobby forestier semble avoir réussi à convaincre le gouvernement, parce que l’actuel projet de réforme du régime forestier est calqué sur ses recommandations.

Les conséquences d’une forêt appauvrie

Les forêts, c’est plus que du bois à couper. Elles ont des fonctions multiples tant pour la biodiversité que pour les communautés. Et lorsqu’elles vont mal, les impacts pour l’économie, la faune et la sécurité des régions arrivent en cascade.

Les activités qui dégradent directement ou indirectement les forêts ont nécessairement un impact négatif sur la biodiversité forestière et les cycles fragiles dont elle dépend. Prenons l’exemple du caribou, qui a besoin de vieilles forêts en bonne santé pour survivre. Pour les caribous forestiers et montagnards, il existe un lien réel entre coupes forestières et disparition de l’espèce. Les coupes forestières intensives font disparaître les forêts matures (habitat privilégié des caribous) et font place à des forêts plus jeunes et à des chemins forestiers favorisant les prédateurs. Ces perturbations très concrètes sont les principales causes du déclin de l’espèce. Si le caribou décline, ça veut dire que les écosystèmes forestiers dans lesquels il vit se dégradent. On peut en déduire qu’il en va de même pour plusieurs autres espèces qui habitent ces forêts.

Mais ce n’est pas tout : ces forêts dégradées ont généralement un intérêt économique moindre pour la récolte de bois et le récréotourisme et sont moins résilientes face aux perturbations naturelles comme les feux de forêt.

Au Québec, la forêt s’appauvrit écologiquement ET économiquement. Malheureusement, l’actuel projet de réforme du gouvernement risque d’appauvrir encore plus les écosystèmes et les communautés.

Les pratiques forestières intensives sont la principale cause de déclin des caribous de la Gaspésie qui ont perdu plus de 80 % de leur population depuis une quinzaine d’années.

Agir pour défendre la forêt

En ce moment même, le gouvernement du Québec planche sur un projet de réforme du régime forestier. Une majorité d’acteurs et d’actrices allant des groupes environnementaux à l’industrie en passant par les syndicats et les Peuples autochtones s’accordent pour dire que le statu quo n’est plus possible, mais les reculs sociaux et environnementaux ne sont pas acceptables!

Présentement, on décode plusieurs menaces :

  • L’abandon des gains environnementaux hérités de l’Erreur boréale et de la Commission Coulombe
  • La part importante de la forêt publique cédée aux intérêts industriels
  • Le manque de garanties pour la conservation et la biodiversité
  • Le manque d’imputabilité politique dans la prise de décisions
  • Le non-respect des droits des Peuples autochtones
  • L’absence de vision à long terme pour soutenir les travailleurs, les travailleuses et les communautés dépendantes de la forêt

 

C’est pourquoi Nature Québec demande le retrait pur et simple de ce projet de réforme et son remplacement par une modernisation du régime forestier afin que la foresterie au Québec soit réellement durable et inclusive.

SVP, joignez votre voix à la nôtre pour défendre l’avenir de la forêt québécoise !

Pour un « éveil boréal »

Photographie : Loup-Wiliam Théberge

Nous n’avons pas à choisir entre la forêt, les caribous et les travailleur-euse-s. C’est un faux dilemme. Mieux protéger et gérer la forêt, c’est faire le choix d’une transition juste qui assurera la résilience des forêts ET des communautés à long terme. C’est pourquoi nous demandons au gouvernement de retourner à la planche à dessin et de nous proposer une VRAIE modernisation du régime forestier, adaptée aux défis et menaces actuelles.

Notre vision de cette réforme inclut :

Ceci passe impérativement par le maintien de gains environnementaux hérités de la Commission Coulombe et du documentaire l’Erreur boréale comme l’aménagement écosystémique. Cela demande également de conserver une plus grande part de « vieilles forêts », au bénéfice de la nature et des communautés qui utilisent la forêt, et d’agir face au déclin de la biodiversité et des espèces comme le caribou.

La forêt, c’est à la fois un habitat pour la biodiversité et un puits de carbone, mais aussi un lieu pour le tourisme, les activités sportives, la chasse et la pêche, un lieu qui permet des usages traditionnels liés à un mode de vie fondé sur le lien au territoire. Dans son projet de réforme du régime forestier, le gouvernement du Québec propose un zonage forestier basé sur la triade. Trois types de zones seraient créés : production intensive de bois (priorité à l’industrie), multi-usages (conciliant divers besoins) et conservation. Or, il nous apparaît disproportionné de consacrer un tiers de la forêt publique aux intérêts industriels. L’harmonisation des usages forestiers doit inclure une meilleure consultation des différent-e-s usagers et usagères de la forêt. Nous pensons que si l’option d’un zonage « en triade » devait être retenue, la réflexion devrait commencer par la définition des zones de conservation, suivies des zones multi-usages, puis enfin des zones de production intensive de bois.

Ceci passe impérativement par un système de gouvernance démocratique pour administrer les forêts. Selon Nature Québec, la planification forestière doit être contrôlée et régie par les élu-e-s et le ministère, qui doivent être tenu-e-s responsables en cas de manquement aux engagements du gouvernement. Or, la réforme du régime forestier prévoit d’instaurer des postes d’aménagistes forestiers régionaux indépendants du gouvernement. Même si cela pourrait permettre une vision intégrée de la gestion forestière au niveau régional, le fait que ces aménagistes ne relèveraient plus de la ministre est hautement problématique. Cela semble une façon de déresponsabiliser le ministère et le gouvernement de leurs engagements en matière de planification forestière. Cela pourrait dangereusement accroître l’influence des lobbys industriels au niveau régional, affaiblir le contrôle démocratique sur la gestion des forêts publiques et entraver le principe de négociation de nation à nation entre le gouvernement du Québec et les Peuples autochtones. Au final, nous demandons que la responsabilité de la planification forestière demeure entre les mains de la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, tout en assurant une gouvernance locale participative par les aménagistes régionaux, encadrée par une stratégie d’aménagement durable et supervisée par un Inspecteur des forêts indépendant.

Faire face aux menaces environnementales, climatiques et économiques qui pèsent sur le secteur forestier est possible. Ceci passe impérativement par une diversification économique des régions et par la co-création avec les travailleurs et les travailleuses d’un plan de transformation industrielle et de transition juste. La foresterie reste et restera une avenue économique importante dans plusieurs régions du Québec. Toutefois, l’industrie contribue actuellement à un appauvrissement des forêts qui va ironiquement nuire à sa productivité et sa valeur économique future. Son modèle, basé sur l’exploitation intensive du bois résineux, menace l’avenir des travailleurs, des travailleuses et des communautés. La réforme du régime forestier doit réduire la dépendance au bois résineux, mieux valoriser les essences sous-exploitées, développer la deuxième et la troisième transformation ici, au Québec, et renforcer l’économie circulaire pour réutiliser les déchets de construction au lieu de les enfouir.

On a tout à gagner d’une forêt résiliente. C’est une forêt qui brûle moins vite et moins souvent, qui est bénéfique à notre santé, qui abrite des espèces comme le caribou et qui permet de multiples activités comme une foresterie durable et le récréotourisme.

Propulsez cette campagne

La forêt nous unit. Elle nous rassemble du nord au sud et d’est en ouest. Elle fait partie intégrante de l’identité régionale, de l’histoire du Québec et de la culture des Peuples autochtones. La forêt est intimement liée à notre avenir. Il est primordial de se mobiliser pour défendre le sien. Merci de participer à cette campagne et de nous aider à lui donner des ailes !

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