3 actions pour soutenir le papillon monarque
24 juillet 2024Depuis les vingt dernières années, la population de papillons monarques (Danaus Plexippus) a chuté de plus de 80%. (1) Ce déclin est causé par différentes pressions qui mettent en péril leur site d’hibernation au Mexique ainsi que le long de leur parcours migratoire. Qui est ce grand voyageur qui, tel un snowbird, suit le beau temps ? Et surtout, que pouvons-nous faire à notre échelle pour le soutenir tout au long de son séjour parmi nous? Notre spécialiste en biodiversité urbaine vous propose 3 idées pour soutenir la population des papillons monarques au Canada!
Où vit le papillon monarque?
Annonceur du retour du beau temps, le papillon monarque est une espèce fascinante. Ceux que nous observons au Québec durant l’été arrivent tout juste du Mexique où ils passent l’hiver. Au printemps, les monarques entament leur migration vers le nord de l’Amérique. Durant des mois, ils survolent le Mexique et les États-Unis, avant d’arriver au Canada pour l’été. Durant ce grand voyage migratoire de 4000 à 5000 km, plusieurs générations de papillons se succéderont, passant chacune d’œuf à chenille pour devenir chrysalide et enfin papillon. La seule génération qui vit plus longtemps est celle qui naît à la fin de l’été et refait à elle seule tout le trajet jusqu’au Mexique, son aire d’hibernation (1). La boucle recommence ensuite, année après année.
Pourquoi le papillon monarque est-il en voie de disparition?
Durant son grand voyage vers le Canada, le monarque survole divers paysages, ruraux, suburbains et urbains. Comme nous occupons de plus en plus le territoire pour nous loger, nous nourrir et nous divertir, cela laisse de moins en moins de place pour les espèces sauvages (animales et végétales) et leur conservation est mise en danger. En effet, cela engendre entre-autre une diminution de la quantité et de la diversité des ressources alimentaires. Pour le monarque, ça se traduit par la raréfaction des asclépiades (Asclepias spp.), plantes essentielles qui offrent au papillon monarque un abri à divers stades de son cycle de vie, mais aussi ses fleurs nectarifères comme nourriture.
Migration des papillons
Saviez-vous qu’il existe plus de 300 espèces différentes de papillons qui migrent chaque année? De celles-ci, notons plus particulièrement la Belle-Dame (ou Vanesse des chardons) qui, en plus de ressembler au papillon monarque, entame une migration chaque printemps du Mexique vers le nord du Canada.
Cycle de vie du papillon monarque (Danaus Plexippus)
Oeuf
Chenille
Chrysalide
Adulte
Que mange le papillon monarque?
L’asclépiade commune est une plante essentielle pour la survie et la reproduction de l’espèce. Les monarques y pondent leurs œufs et une fois éclos, les feuilles de la plante sont sa seule et unique ressource alimentaire de la chenille.
La cardénolide, une substance toxique présente dans la sève des plants d’asclépiade, est ingérée, puis accumulée dans l’organisme de la chenille du monarque, celle-ci devient toxique à son tour. Particulièrement utile pour se protéger des prédateurs! (3)
Selon les experts, l’un des facteurs pouvant contribuer au rétablissement et à la conservation de la population de monarque est de restaurer son habitat naturel le long de son parcours de migration. Les efforts mis en place semblent efficaces puisque des chercheurs ont récemment affirmé qu’en 2021, ils notaient une hausse (35%) des populations de monarques qui regagnaient les forêts du nord du Mexique. Il n’en demeure pas moins que la situation est préoccupante (4).
Toutefois, planter des champs d’asclépiades et des fleurs ne suffit pas pour le rétablissement des papillons monarques, aussi connus sous leur nom scientifique Danaus Plexippus. Souvent perçue comme une mauvaise herbe, cette plante est éliminée à coup d’herbicide ou est tout simplement remplacée par des aménagements ornementaux peu diversifiés (bonjour aux pelouses immaculées et plates-bandes de hostas). Si pour la santé des monarques (et celle de tous les vivants !), on déconstruisait nos standards et on réinventait nos habitudes d’aménagement? Car malgré ce que l’on peut croire, les villes ont un grand potentiel d’accueil pour la biodiversité. Il suffit de lui donner la chance de fleurir en quelques gestes simples.
1. Aménager sa cour ou son balcon pour les monarques
- Choisir un emplacement calme, ensoleillé et à l’abri du vent.
- Planter des fleurs nectarifères (qui présentent des glandes à nectar, liquide qui attire et dont se nourrissent certains insectes pollinisateurs). Prioriser les indigènes et vivaces pour alimenter le papillon monarque ;
- S’assurer de sélectionner des plantes dont les floraisons se succèdent pour que le monarque ait à sa disposition des ressources alimentaires en tout temps ;
- Regrouper les plantes de la même espèce par talles ou massifs. Elles seront plus faciles à trouver par le monarque.
- Planter des plants d’asclépiades, en périphérie de vos plantes nectarifères.
Les femelles monarques préfèrent pondre sur des plants en milieu ouvert et dégagé. (1) Il y a plusieurs espèces d’asclépiade, choisissez la plus appropriée selon votre région. Certaines espèces peuvent aussi pousser en pot de façon annuelle. - Mettre à la disposition du monarque une source d’eau propre et sécuritaire
Les monarques affectionnent les flaques de boues; - Bannir l’utilisation de produits chimiques
C’est bon pour notre santé aussi!
2. Participer à une activité de science citoyenne
Pas d’espace à aménager ? Impliquez-vous avec votre famille ou vos amis ! Mission Monarque est un programme de science participative qui documente le succès reproducteur du monarque. Téléchargez la trousse de l’Insectarium d’Espace pour la vie et partez à la recherche d’asclépiades dans votre quartier!
Ensuite, identifiez les papillons monarques grâce aux motifs orange et noir et aux rangées de points blancs sur leurs ailes En partageant vos observations, vous aidez les scientifiques à dresser un portrait juste de la population de monarque au Canada. Comme la population est en constante variation, vos observations sont précieuses.
3. Sensibiliser son entourage
Vous pouvez expliquer vos aménagements à vos voisins et à vos proches. Si vous le pouvez, installez une affiche plastifiée qui annonce votre aménagement pour les monarques aux passants. Offrez aussi des plants d’asclépiades ou de fleurs à vos proches en leur expliquant leur importance pour les monarques! Nul besoin d’avoir accès à un grand jardin, répandez la bonne nouvelle, chacun peut faire la différence pour soutenir le papillon monarque.
Pour initier le sujet, voici quelques questions délicates à aborder lors de notre prochaine épluchette de blé d’Inde :
1. Comment tu aimes mon jardin pour monarque?
2. Es-tu game de sauter la tonte de la pelouse cette semaine?
3. Si le verdissement spontané remplaçait les pelouses, penses-tu que le sort des papillons monarques serait le même ?
À vous de jouer!
Conclusion
Les données provenant d’activités de sciences citoyennes partout en Amérique du Nord et au Canada semblent indiquer que dans certaines régions, les populations de monarques s’en sortent de mieux en mieux. Si tel est le cas, les mesures qui ont été mises en place pour la protection de leur habitat démontrent qu’à notre échelle, nous pouvons faire la différence pour le rétablissement d’espèces vulnérables. Il est encore temps de s’engager concrètement pour protéger notre nature de proximité et les populations de monarques.
Références
(1) –Johnston, M. K., et al. (2019). Estimating milkweed abundance in metropolitan areas under existing and user-defined scenarios. Frontiers in Ecology and Evolution, 7, 210.
(2) – https://espacepourlavie.ca/les-asclepiades-indigenes-du-quebec
(3) – Crossley, M. S., Meehan, T. D., Moran, M. D., Glassberg, J., Snyder, W. E., & Davis, A. K. (2022). Opposing global change drivers counterbalance trends in breeding North American monarch butterflies. Global Change Biology.
(4) – Lapointe, Justin (2015). « Sur la pelouse, ou, Les infortunes de la vertu : regard critique sur l’espace-pelouse comme lieu identitaire de la banlieue » Mémoire. Montréal (Québec, Canada), Université du Québec à Montréal, Maîtrise en design de l’environnement.
Crédits
Rédaction : Viviane Rivard, Chargée de projet en mobilisation citoyenne
Révision : Lucie Bédet, Chargée de communication